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Le Matin absent des kiosques Le Matin n?a pas paru hier au centre du pays et ne reviendra sur les étals que lorsqu?il s?acquittera de ses dettes envers la société d?impression d?Alger (Simpral, étatique). Celles-ci sont évaluées, selon l?administrateur du journal, à 38 millions de dinars. Cette somme représente le retard de paiement des factures d?impression des mois de février, mars et avril. Le journal avait été destinataire, le lundi 19 juillet 2004, d?une mise en demeure, qui expirait hier, l?astreignant à régler ses dettes. Faute de quoi, la publication ne paraîtra pas à compter d?aujourd?hui, dimanche 25 juillet. Dans les faits, ces délais n?ont pas été respectés puisque l?imprimeur est passé à l?action une journée avant. Vendredi dernier, le directeur technique de la Simpral a refusé de tirer le journal, en se référant à une instruction qui lui a été transmise par écrit par sa direction le même jour. « Cette précipitation dans la sanction du Matin, le refus de la Simpral d?échelonner le montant réclamé confirme l?injonction venue du pouvoir et révèle le caractère politique des pressions et représailles que subissent le journal et son directeur », a souligné le collectif du journal, dans un communiqué rendu public hier. Le Matin reste cahin-caha « déterminé plus que jamais à se battre pour continuer à vivre ». Selon son administrateur, le journal fera tout pour rassembler le montant réclamé et payer l?imprimerie afin de regagner son espace dans les kiosques, en soulignant cependant l?incapacité financière du Matin de s?acquitter sans délai de la totalité de la somme. Depuis août 2003, la publication a payé une ardoise de 24 milliards de centimes à l?imprimeur et aux services des impôts. Cela dit, l?entreprise, selon ses responsables, est fragilisée sur le plan financier. Ils soutiennent que les caisses du journal sont « réduites » et qu?il faudrait avoir recours à des prêts bancaires pour pouvoir payer la totalité du montant exigé par les imprimeries. La Simpral, quant à elle, trouve que la suspension est purement commerciale et qu?elle est liée à un « cumul d?impayés ». C?est ce qu?a précisé un responsable de cette entreprise qui a requis l?anonymat. Complot Le directeur général de Simpral était absent hier à son bureau et était injoignable par téléphone. Préférant parler d?une suspension de la relation commerciale, notre interlocuteur a mis en évidence le fait que « Le Matin a paru à l?Est et à l?Ouest » pour montrer qu?il s?agit bel et bien d?une affaire de « dettes et créances ». Le journal, étant, à ses yeux, bon payeur dans ces régions, n?est pas suspendu et continuera sa diffusion normalement. « Comment peut-on donc parler d?un complot politique ? », s?est-il interrogé. Cela dit, seul Le Matin, parmi les autres titres imprimés par Simpral, a reçu une mise en demeure de suspension exécutée avant expiration. Pour répondre, ce responsable a écarté toute idée de « ségrégation » entre les titres. Le Matin est, selon lui, le premier à être concerné par cette mesure du fait qu?il a des « dettes importantes ». Mais est-ce qu?il est le plus endetté ? Réponse : « A ma connaissance non. Je n?ai pas les chiffres en tête, mais je suis certain qu?il y a d?autres titres qui ont des impayés importants. » Lesquels ? Pas de réponse. « Je ne peux pas les citer. Ce sont là des affaires internes de la société », s?est-il contenté de dire. « Notre politique consiste à assainir la situation au cas par cas. Tous les dossiers des journaux qui tirent à la Simpral sont mis sur la table et vont être examinés et traités selon le montant des créances et l?ancienneté de la dette », a-t-il indiqué, insistant que Le Matin n?est pas un « cas isolé ». Selon lui, la procédure de cet assainissement ne sera pas pareille pour l?ensemble des titres. Il y aura des journaux auxquels le tirage sera revu à la baisse. « Il s?agirait là de ceux qui n?ont pas beaucoup de dettes. Pour ceux qui ont des montants colossaux impayés, ils doivent s?attendre à une suspension comme Le Matin », nous a-t-il souligné, sans citer les concernés ni à partir de quelle date cette opération va commencer. Suite à cette suspension, le collectif du journal Le Matin « prend à témoin l?opinion nationale et internationale de cet abus de pouvoir et de cette énième grave atteinte à la liberté d?expression ». Par ailleurs, la Société d?impression de l?Est (SIE) a envoyé hier soir un communiqué au Matin dans lequel elle a indiqué que le journal ne sera pas tiré à partir d?aujourd?hui et ce, par solidarité avec la Simpral.


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