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Le président Bouteflika a avoué avant-hier, lors du Conseil des ministres, que « dans les conditions actuelles, la maîtrise de la régulation du marché, notamment au mois de Ramadhan, a révélé ses limites face aux effets de la libéralisation incontrôlée des circuits de distribution, aggravés par des pratiques spéculatives et parasitaires au détriment des citoyens ». Après une semaine du début du mois de jeûne, l'Etat est donc incapable d'infléchir les tendances des prix toujours à la hausse. L'abondance de la production ovine avec plus de 3 millions de têtes, la suppression de la TVA (17%) pour une baisse de 10% du prix de la viande blanche et le déstockage de 120 000 tonnes de pommes de terre n'ont eu que peu d'effet. Si l'on croit les dernières déclarations de Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce, l'Algérie a atteint à 95% l'autosuffisance en légumes. Or, les responsables de famille n'arrivent plus à freiner la saignée alors que « les salaires du mois d'août risquent de ne pas terminer le mois », précise un directeur d'école rencontré au marché Mellah, à Alger.Pourtant, le chef de l'Etat a jugé, toujours lors du Conseil des ministres, que pour les fruits et légumes et les viandes, « la production couvre suffisamment les besoins, cependant, l'augmentation de la demande conjuguée aux spéculations génère des hausses conjoncturelles de prix sans aucune justification économique ». Face à cette explication, un enseignant en sciences économiques à l'université d'Alger estime que « les pouvoirs publics font des constats que tout le monde connaît et n'agissent pas en profondeur sur les réels mécanismes régissant les marchés ». Pour une mère de famille qui ramasse, au marché Thnach, à Belouizdad, le rebut des légumes abandonnés par les vendeurs, « l'Etat est complice avec ses propres agents et les trafiquants qui ne reculent devant rien ».D'où la déclaration d'intention du président de la République qui dit : « J'entends qu'aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l'avenir pour justifier la limitation des capacités de l'Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. » Et pour lui, la responsabilité incombe aux commis de l'Etat qui doivent affronter les milieux maffieux politico-financiers. « Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leurs responsabilités entières et reprendre la situation en main », précisera encore Bouteflika. L'administration du commerce avec toute sa bonne volonté ne peut venir à bout de ce qui se passe, « puisque vu le déficit en moyens et en ressources, en plus des pressions de tous bords », confie un agent dans une direction de commerce de wilaya à l'intérieur du pays.Mais encore une fois, le chef de l'Etat en personne s'en remet à d'autres pour la régulation des marchés. « La situation (...) interpelle d'autres acteurs, dont les imams, qui doivent sensibiliser les citoyens, les producteurs agricoles et les éleveurs qui doivent veiller à produire plus et à couvrir davantage un approvisionnement de la population à des prix justes », indiquera-t-il. A la raison et au travail, on substitue les v'ux et la fatalité, alors que Sarkozy n'avait pas hésité il y a deux ans à intervenir pour influer sur les prix au niveau des grandes surfaces, rappelle un ancien ministre. L'émergence de l'économie de marché démontre chaque jour les limites de la gestion étatique face à un secteur privé de plus en plus entreprenant. C'est en ces termes qu'avait qualifié le président Bouteflika la situation du pays, curieusement la veille du Ramadhan 2000, dans un discours prononcé à l'occasion de l'installation du Comité de la réforme des structures et des missions de l'Etat (CRSME). Une réforme qui montre bien ses résultats aujourd'hui.
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