Algérie - Ambassades et consulats

Nouvel ambassadeur de France en Algérie, De Verdière fait ses adieux



En fin de mission en Algérie, l’ambassadeur français Hubert Colin de Verdière a rendu, hier, une visite d’adieu au ministère de la Défense nationale, où il a été reçu par le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia.

Les deux parties, indique un communiqué du ministère, ont saisi l’opportunité pour « faire le point sur l’état de la coopération militaire bilatérale et les perspectives de son développement ». La visite de M. de Verdière intervient après l’audience de départ que lui a accordée le président Bouteflika, le 11 octobre. A l’issue de cette audience, l’ambassadeur partant a déclaré constater que les relations entre Alger et Paris « étaient bonnes ». Il a, également, mis en relief les « efforts intenses » accomplis, depuis deux ans, à propos de l’histoire commune des deux pays. « Ces efforts, comme il est normal, sont difficiles et parfois douloureux », a-t-il reconnu, avant d’appeler à la poursuite de ces efforts dans une « compréhension réciproque ». Le nom de M. Colin de Verdière, en poste depuis le 1er septembre 2004, reste lié à la visite qu’il a effectuée, les 26 et 27 février 2005, à Sétif, où il a qualifié les événements du 8 mai 1945 d’assassinats et de massacres. « Aussi me dois-je d’évoquer également une tragédie qui a particulièrement endeuillé votre région. Je veux parler des massacres du 8 mai 1945, il y aura bientôt 60 ans : une tragédie inexcusable. Fallait-il, hélas, qu’il y ait sur cette terre un abîme d’incompréhension entre les communautés, pour que se produise cet enchaînement d’un climat de peur, de manifestations et de leur répression, d’assassinats et de massacres ! », a-t-il déclaré à l’université Ferhat Abbas. Et à l’ambassadeur d’ajouter : « Le 8 mai 1945 devait être l’occasion de célébrer l’issue tant attendue d’une guerre mondiale, pendant laquelle tant des vôtres avaient donné leur vie pour notre liberté, cette liberté qui devait être celle de tous les Algériens. Ce fut hélas un drame. Celui-ci a marqué profondément, nous le savons bien, les Algériens qui, dès cette époque, rêvaient de liberté. » Son Excellence a livré, au passage, sa vision concernant l’écriture de l’histoire : « Les jeunes générations d’Algérie et de France n’ont aucune responsabilité dans les affrontements que nous avons connus. Cela ne doit pas conduire à l’oubli ou à la négation de l’histoire. Mieux vaut se charger lucidement du poids des bruits et des fureurs, des violences des évènements et des acteurs de cette histoire, en évitant si possible les certitudes mal étayées, voire les jugements réciproques. Cette charge est lourde et le travail à mener considérable. » Dans le même discours, prononcé quelques jours après l’adoption de la loi française du 23 février, l’ambassadeur a fait sienne la déclaration de l’historien Benjamin Stora, parlant de la finalité de l’écriture de l’histoire : « Et cela, pour forger des valeurs d’égalité sur les ruines du mépris et de la haine. » M.de Verdière sera remplacé par Bernard Bajolet, un proche collaborateur du Premier ministre de Villepin, et dont la tâche semble, d’ores et déjà, délicate au sujet du devoir de repentance de l’ancienne puissance coloniale. La priorité de M. Bajolet est donc de « dédramatiser » ce passé commun qui déteint trop souvent sur la nature même des relations bilatérales. Aussi, pour le rapprochement véritable entre les deux pays, la question des crimes coloniaux ne peut demeurer sans réponse.




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