L'Italie et l'Espagne étaient de nouveau sous la pression des marchés
hier mardi, comme les autres pays fragiles de la zone euro, et leurs
gouvernements se mobilisaient pour endiguer la panique même si Bruxelles a
exclu toute discussion sur un plan de sauvetage pour ces pays. Face à ce nouvel
accès de fièvre, le ministre italien de l'Economie et des Finances, Giulio Tremonti, a convoqué une réunion du comité pour la
sauvegarde de la stabilité financière, qui devait rassembler la Banque d'Italie, l'autorité
boursière et le régulateur des assurances, à Rome.
Resté jusqu'à présent discret, le chef du gouvernement Silvio Berlusconi
a décidé de son côté de reprendre l'initiative et doit intervenir ce mercredi
devant le Parlement.
Il pourrait à cette occasion annoncer de nouvelles mesures pour relancer
une économie atone alors que les partenaires sociaux ont lancé un inhabituel
appel commun à un «pacte pour la croissance». A Madrid, le chef du gouvernement
espagnol José Luis Rodriguez Zapatero
a fait savoir qu'il avait décidé de retarder son départ en vacances afin de
surveiller la situation.
Signe de la défiance des
investisseurs, les taux obligataires à dix ans italiens et espagnols ont
atteint des records historiques hier mardi. Vers 12h00 GMT, ils s'inscrivaient
à 6,101% et 6,273%, faisant dangereusement grimper le coût de l'emprunt des
deux pays. La Bourse
de Milan lâchait de son côté 1,43% vers 14h15 GMT après une chute de 3,87%
lundi, tandis que Madrid cédait 0,92% après un repli de 3,24% lundi. Mais
Bruxelles a affirmé qu'aucun plan de sauvetage n'était «sur la table» pour
venir en aide à ces deux pays ou à Chypre, également sous la pression
croissante des marchés et des agences de notation. «C'est la débandade, cela
continue malheureusement. Le marché n'est toujours pas rassuré» par l'accord
européen du 21 juillet sur un nouveau plan d'aide à la Grèce censé enrayer la
contagion de la crise de la dette, explique Cyril Regnat,
stratégiste obligataire de la banque Natixis.
Les investisseurs s'interrogent toujours sur la participation des
créanciers privés et sur les moyens mis à la disposition du Fonds de secours
européen (FESF) pour venir en aide si besoin est à des poids lourds comme
l'Italie ou l'Espagne. Une rumeur de marché, démentie par Bruxelles, selon
laquelle l'Europe allait libérer l'Italie et l'Espagne de leur obligation de
participer au plan d'aide à Athènes, a accentué les tensions, tandis que les
doutes au sujet de l'avenir de l'économie américaine n'arrangeaient rien en
pesant fortement sur un marché nerveux et peu liquide en raison des vacances
d'été. Résultat, l'Italie a beau avoir adopté en urgence mi-juillet une sévère
cure d'austérité, elle inquiète toujours les investisseurs en raison de son
énorme dette (environ 1.900 milliards d'euros soit 120% de son PIB), d'une
croissance atone et de l'incertitude pesant sur l'avenir du gouvernement. Silvio
Berlusconi est en effet de plus en plus affaibli, tandis que Giulio Tremonti, avec qui le Cavaliere
entretient des relations très tendues, est éclaboussé par l'implication de son
ex-bras droit dans un scandale de corruption.
L'opposition de gauche a donc de nouveau appelé mardi le Cavaliere à s'inspirer de M. Zapatero
en organisant des élections anticipées.
Madrid a de son côté multiplié les réformes de son secteur bancaire, du
marché du travail et des retraites, mais les marchés continuent de douter de sa
capacité à réduire le déficit en raison de son faible contrôle sur les finances
des régions. «Je ne vois pas comment on pourrait avoir un changement de
situation car si on a des annonces, cela sera plutôt en septembre. Les
prochaines semaines vont être très, très longues», prévoit donc M. Regnat.
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Posté Le : 03/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mathieu Gorse De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com