Nouveaux habits

Un évident mieux s'incruste dans l'activité administrative algérienne. Les faits témoignent d'une mue visible de son activité quotidienne et il serait injuste de manquer d'objectivité pour continuer à tomber à bras raccourcis sur une bureaucratie qui a l'air de s'éteindre.Reconnaître cette mue est rendre justice à des acteurs administratifs qui nouent peu à peu avec un esprit sain offrant un confort aujourd'hui visible aux concitoyens. Tout certes n'est pas encore rose, mais on constate que les guichets et les bureaux ont adopté un nouvel esprit contraire à la pestilence particulière qu'ils dégageaient à la face des administrés.
Les services des états civils affichent de nouveaux habits et les remises des documents aux demandeurs sont mieux rodées pour que les papiers administratifs ne soient plus marchandés sous le comptoir. L'amélioration des réceptions est significative bien que l'insatisfaction de la population est toujours présente car l'adaptation à une nouvelle culture pour installer une civilité généralisée n'est aisée ni pour l'administration ni pour les administrés.
Cependant, le poids de la bureaucratie dans des secteurs habitués aux monnayages des perversités financières ne s'est pas allégé. Le spectre des tribunaux et des prisons a en ce moment dénaturé le sens de la responsabilité. Mais le mauvais sens de l'engagement n'est pas seul en cause car celui de la citoyenneté n'a pas encore atteint sa positive fluidité.
Les causes sont connues et partagées. Elles vont du caractère fougueux inné chez les Algériens, à la pression des pesants soucis quotidiens, source de l'incivisme latent et à la dure nécessité pour un peuple de s'élever au niveau de la modernité et du progrès.
Quand le chef de l'Etat insiste avec force sur la moralisation, dans son esprit il ne s'arrête pas uniquement à la plaie du bakchich que des décennies de gestion dépravée ont provoquée. Il met le doigt sur l'obligation faite pour chacun d'apprendre mieux à planifier le partage des espaces communs dans l'intérêt évident de tous pour goûter à la prospérité.