Algérie

Nouveaux défis diplomatiques


"Les diplomates professionnels ne sont pas dans le spectacle ou dans le sensationnel. Ils aiment travailler dans la sérénité et dans la compréhension des événements", assure un ancien ambassadeur.Le bouleversement géopolitique régional qui s'opère depuis que le Maroc a violé le cessez-le-feu qui le lie au Front Polisario suivi de la normalisation avec l'Etat hébreu rebat les cartes diplomatiques. Soumise à rude épreuve depuis la chute du régime libyen à l'est et l'amplification de la crise sécuritaire au Sahel, la diplomatie algérienne se trouve confrontée à de nouveaux défis.
Lourd et sensible. Elle est appelée à réadapter sa stratégie dans cet environnement régional hostile et instable. Mise en veilleuse depuis de longues années, elle aura fort à faire pour retrouver sa voix (e).
Discret, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum ? un familier des rouages diplomatiques internationaux ? doit agir sur plusieurs fronts pour faire entendre la voix de l'Algérie. Pas si évident quand la légalité internationale est battue en brèche par les puissants de ce monde.
La rupture de Washington avec sa tradition de "neutralité" sur le dossier sahraoui perturbe sérieusement et durablement le multilatéralisme et les efforts de règlements des conflits pacifiquement au profit de passage brutal et de fait accompli.
Il est vrai qu'avec Donald Trump, la logique de la force l'emporte sur celle de la raison. Mais au-delà de la personne du chef de la diplomatie, c'est toute la politique étrangère qui doit évoluer pour mieux anticiper sur les événements d'autant que la sphère régionale ne sera plus ce qu'elle a été jusqu'ici.
Il se pose pour elle tout naturellement l'avenir de l'Union du Grand Maghreb et la présence de l'Algérie au sein de la Ligue arabe. Sur ses dossiers, la voix des affaires étrangères reste timide.
Faut-il rappeler que dans un tel contexte, la diplomatie n'a d'autre choix que d'être active et proactive. Mais surtout donner la possibilité au chef de la diplomatie une marge de man?uvre suffisamment importante pour ne pas subir les événements.
"Pour avoir longtemps fréquenté les couloirs du ministère des Affaires étrangères, je peux témoigner que le ministre n'a pas beaucoup de marge de man?uvre", témoigne un ancien diplomate. L'ancien chef de l'Etat a "véritablement anesthésié l'appareil diplomatique", accable un ancien ministre qui estime, lui aussi, que ces réflexes ont probablement survécu. "Il est difficile d'insuffler la vie rapidement à un corps anesthésié", a-t-il ajouté.
Pourtant, ce n'est pas la compétence qui manque au sein du ministère des Affaires étrangères. Mais il est important "de laisser les diplomates professionnels travailler", recommande un ancien ambassadeur qui rappelle que "les diplomates professionnels ne sont pas dans le spectacle ou dans le sensationnel.
Ils aiment travailler dans la sérénité et dans la compréhension des événements", indique notre interlocuteur qui regrette, en outre, que les diplomates "ne sont pas aidés par les médias, notamment audiovisuels, qui sont totalement absents à destination du public extérieur". Pour lui, cette absence de médias "est même une menace pour la sécurité nationale".
Pour tenter de pallier le recul de la diplomatie algérienne, le chef de l'Etat avait pourtant créé l'Agence nationale de la coopération internationale. Mais, "dans tous les pays du monde, ce genre d'organisme est rattaché au ministère des Affaires étrangères.
Chez nous, cette institution est rattachée à la présidence de la République", fait remarquer un autre diplomate à la retraite, qui rappelle que cette agence doit être "un appui" pour aider le ministère des Affaires étrangères à prendre des décisions.

A. B.
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