Algérie

Nouveau revers pour Bensalah



Les acteurs politiques et les représentants de la société civile et des syndicats présents ont signifié hier leur opposition à un dialogue "inclusif" tel que souhaité par le pouvoir en place.
Les participants au Forum national pour le dialogue, réunis hier à Aïn-Benian, à l'ouest d'Alger, ont clairement rejeté la feuille de route proposée par le pouvoir en place pour sortir le pays de la crise politique dans laquelle il s'est enlisé. Dans leurs recommandations rendues publiques à l'issue de la rencontre, les acteurs politiques et les représentants de la société civile et des syndicats présents ont, en effet, signifié leur opposition à un dialogue "inclusif" tel que souhaité par les autorités, rejetant ainsi la participation au dialogue et à la préparation de la présidentielle de toutes les forces politiques et des personnalités nationales ayant soutenu le 5e mandat ou la prolongation du 4e mandat de Bouteflika et celles impliquées dans des affaires de corruption. Les membres du forum ont même fait du départ de tous les symboles du système en place un préalable et réclamé leur remplacement par des "personnalités consensuelles". Les animateurs du forum ont, d'ailleurs, exigé que le dialogue national envisagé soit conduit par une "commission consensuelle et indépendante". Sans les citer nommément, les participants au forum exigent donc la mise à l'écart du processus politique à mettre en ?uvre du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et du Premier ministre, Noureddine Bedoui. Parmi les six recommandations retenues par les acteurs du forum figure ainsi la nomination d'un gouvernement composé de "compétences nationales" qui sera chargé de préparer une élection présidentielle "libre et transparente" à même de permettre au peuple algérien d'"exprimer son point de vue en toute liberté dans des délais acceptables". Autre point d'accord entre les animateurs du Forum national pour le dialogue, la question de la mise en place d'une commission nationale technique qui sera chargée d'élaborer le cadre législatif pour l'instance nationale indépendante pour l'organisation et la supervision de l'élection présidentielle. Les participants ont expliqué que cette feuille de route sera soumise au débat national pour enrichissement, mais aussi au pouvoir en place "comme base de travail pour un dialogue national souverain" et aux personnalités nationales intéressées par la recherche de solutions à la crise que vit le pays. Ils ont, par ailleurs, évoqué le rôle que doit jouer l'Armée nationale populaire dans ce processus de sortie de crise, insistant notamment sur l'engagement pris, et à maintes reprises, par le commandement de l'armée quant à l'accompagnement du mouvement populaire dans la concrétisation de ses aspirations. La feuille de route ainsi présentée tranche d'une certaine façon avec l'approche proposée par le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, pour une sortie de crise. Dans son discours prononcé jeudi, il avait en effet appelé à l'ouverture d'un dialogue inclusif qui sera "conduit et mené en toute liberté et en toute transparence par des personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale". La concession faite par le pouvoir concerne donc seulement la conduite du dialogue "inclusif" qui doit aboutir à l'organisation de l'élection présidentielle, excluant tout retrait du chef de l'Etat et du Premier ministre, tel que réclamé par le mouvement populaire et une bonne partie de la classe politique. Là où les animateurs du Forum du dialogue national et le pouvoir se rejoignent, c'est dans l'absence de toute référence à la mise en place d'une période de transition, réclamée par les partis de "l'alternative démocratique". Par ailleurs, et contrairement aux exigences d'une partie de la classe politique, y compris de certains participants à cette rencontre, le document final a presque ignoré la situation des détenus d'opinion. La résolution, restée sur des généralités à ce propos, précise juste que, parmi les conditions d'un dialogue sérieux, figurent "la levée des contraintes imposées aux manifestations" et la nécessité de prendre des "mesures d'apaisement".

Ali Boukhlef


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