Règle protocolaire, ou simple tradition, des activités officielles, dont les visites ne sont jamais médiatisées, sinon qu'elles le sont très rarement. La visite, la semaine dernière, du secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères à Alger a échappé à cette règle, le ministère algérien des Affaires étrangères ayant décidé d'en faire état. Tel que rédigé, le communiqué en question en donne la substance, mais dans le même temps, il dévoile un certain nombre de choses, les unes et les autres laissant clairement entendre que les relations bilatérales pourraient connaître un nouveau départ.
Cinquante années après les indépendances, cela devrait étonner, sauf qu'en vérité, c'est bien le cas, les relations entre les deux pays n'ayant pas été marquées par la constance, connaissant même des périodes de crise et de rupture. A bien suivre le texte, il s'agirait d'une visite exploratoire, même si les deux pays se connaissent bien, et depuis fort longtemps. «Cette visite s'inscrit dans le cadre d'un cycle de consultations qui sera mené par les ministères des Affaires étrangères des deux pays dans le but d'évaluer, avec la franchise et la sincérité nécessaires, tout le spectre de la relation bilatérale et de définir conjointement les conditions susceptibles d'engager cette dernière dans un processus de densification graduelle et pragmatique, l'objectif étant de conférer un caractère apaisé, équilibré et irréversible à la dynamique constructive impulsée par les échanges de visites ministérielles qui ont eu lieu au cours de l'année écoulée», a précisé le communiqué algérien décidément bien dense et explicite à la fois. On remarquera la précaution dans le style, mais aussi dans le propos dominé par la consultation, et l'évaluation. Si les relations en sont à ce stade un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, c'est que manifestement, il y a problème qu'il est toujours bon d'identifier et de régler.
Bref, un langage peut-être propre à la diplomatie, mais suffisamment clair en définissant un objectif, mais aussi la démarche à suivre pour assainir cette relation et en finir avec les crises qui la caractérisent. C'est exactement ce que les deux pays avaient convenu de faire dès la fin de l'année 1994, soit juste après la décision du Maroc d'imposer le visa d'entrée sur son territoire aux ressortissants algériens, Alger imposant la réciprocité, et fermant aussi sa frontière terrestre avec son voisin. Tout cela après l'attentat perpétré à Marrakech en juillet 1994, lors duquel les Marocains avaient accusé les services algériens, accusation que même de proches alliés du royaume qualifiaient sans fondement. On se rappelle que l'Algérie a demandé une mise à plat des relations bilatérales dans le cadre de cinq commissions, ce qui a été accepté par Rabat qui n'y enverra de délégation qu'une seule fois au début de l'année 1995.
Bien entendu, les problèmes sont demeurés en l'état, ou peut-être même qu'ils ont été aggravés, Rabat liant depuis 2000, la normalisation ' c'est le terme employé ' de ses relations avec l'Algérie, au règlement de la question du Sahara occidental, «dans le cadre de la souveraineté marocaine» ou encore de «son intégrité territoriale», autrement dit, qui entérinerait son occupation du Sahara occidental. Pourquoi donc un tel communiqué si par ailleurs, il n'y a jamais eu de rupture, le visa étant supprimé, mais la frontière demeurant fermée et les visites ministérielles aussi régulières que denses ' On revient donc à la mise à plat passage obligé pour la normalisation. Et s'il y a une volonté de part et d'autre, le parcours semble quant à lui bien difficile mais nullement impossible, le but essentiel étant de bâtir un processus qui soit irréversible et mis à l'abri de toutes sortes de man'uvre. Un nouveau départ donc '
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Posté Le : 25/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com