Amar Tou invoque une baisse de 30% des accidents au cours du 1er mois
d'application. Des citoyens, eux, constatent une application «aveugle» du
nouveau code de la route. Surprise, des responsables de la sûreté tiennent
aussi le même langage !
Le code de la route répressif,en vigueur depuis le 1er février 2010,
avait d'emblée des partisans, ceux qui ne supportent plus que les conducteurs
transforment leur automobile en arme mortelle. Les gros bilans des morts et des
blessés ont introduit dans le lexique journalistique la formule «de terrorisme
routier» qui a permis de justifier d'avance un durcissement du code et
notamment des sanctions. Le ministre des Transports, M. Amar Tou, a brandi, le
23 mars dernier, des chiffres servant à prouver que le durcissement de la
législation était la panacée: une baisse de près de 30% du nombre d'accidents
depuis l'entrée en vigueur du nouveau code. Le directeur du Centre national de
prévention et sécurité routière, Mohamed Boutalbi, le confirmait: il y a eu
1.990 accidents en février 2010 contre 2.811 en février 2010, soit une baisse
de 29,29%. Tout ne va pas pourtant bien dans le «meilleur» des codes. Outre la
totale incompréhension des piétons à qui l'on exige 2.000 DA pour avoir
traversé la route à la «mauvaise place» alors que les infrastructures font en
général défaut, l'entrée en effet a suscité une exaspération grandissante et
impuissante chez des automobilistes durement frappés au portefeuille. C'est
devenu le grand sujet des rencontres de café et il le dispute crânement au
football.
Taxieurs et camionneurs en rogne
Entre humour et colère, des récits sur des sanctions pour des fautes
bénignes ou contestables - une plaque d'immatriculation pas très droite, des
vitres teintées, port de djellaba voire téléphoner alors que la voiture est à
l'arrêt total - sont souvent présentés comme des abus de pouvoir. Dans
certaines wilayas, l'entrée en vigueur du code de la route a suscité des
réactions de rue de taxieurs ou de camionneurs qui n'ont pas supporté les rigueurs
- coûteuses - du nouveau code. Les agents de l'ordre public, à l'instigation de
leur hiérarchie, mettent-ils trop de zèle à appliquer aveuglément le code de la
route et à sanctionner à tour de bras ? L'élargissement de la batterie des
sanctions n'ouvre-t-il pas la voie à l'abus de pouvoir ? Apparemment les
questions nombreuses qui sont posées par des citoyens, au demeurant très peu
disposés à l'égard des chauffards, ont fini par atteindre les circuits
officiels. Un responsable de la sûreté de la wilaya d'Alger, cité par l'APS, a
demandé aux agents de la sûreté publique de veiller au respect de l'éthique
professionnelle dans l'application des nouvelles mesures du code de la route
contre les contrevenants. Le responsable, qui est le chef du bureau de la formation
au service de wilaya de la sûreté publique, a estimé que le code de la route
contenait des dispositions qui nécessitent des textes d'explication afin
d'éviter «l'abus de pouvoir» contre les citoyens.
Ambiguïté
«Il y a une certaine ambiguïté dans nombre de dispositions contenues dans
le code de la route», a indiqué ce responsable lors de la clôture d'une
rencontre sur le «code de la route entre principes de l'éthique professionnelle
et méthode d'adaptation des contraventions et de traitement envers les
contrevenants». Selon lui, les agents de la sûreté ne «sont pas appelés à
appliquer ces dispositions avant la promulgation de textes organisationnels qui
les expliquent». Et pour aller encore dans le sens des objectifs souvent
entendus des citoyens, Rachid Bournane, membre de la commission de retrait du
permis de conduire à la daïra de Sidi M'hamed (Alger), a plaidé pour une
application de la loi qui ne serait pas aveugle. Les agents de sûreté, a-t-il
dit, doivent «prendre en considération l'état des routes et des plaques de
signalisation avant l'application de la peine contre les contrevenants. Lors de
l'application des peines lourdes contenues dans le code de la route, les agents
de sûreté doivent faire la distinction entre les infractions volontaires et
celles liées à d'autres facteurs externes, comme l'invisibilité d'une plaque de
signalisation ou sa présence au mauvais endroit». M. Bournane, sur la base des
cas examinés par les commissions de retrait du permis de conduire, a demandé
aux agents de la sûreté publique d'être «plus précis» dans la rédaction des
P.-V. de contravention car des «citoyens ont subi des peines qui ne sont pas
compatibles avec les infractions commises».
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Posté Le : 10/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com