Algérie

Nouveau bras de fer explosif en Libye



Le duel autour de la NOC a pris une nouvelle tournure, avec le remplacement du premier responsable de la compagnie pétrolière libyenne Mustafa Sanalla par un proche du ministre du Pétrole et du Gaz dans le gouvernement Dbeibah, Mohamed Aoun. Cela fait quelques jours que la rumeur courait selon laquelle le décret promulgué par Abdelhamid Dbeibah était scellé et le limogeage de Sanalla acté. Or ce dernier affirmait jusqu'à hier qu'il n'entendait nullement prendre acte de cette décision. Sanalla, un technocrate respecté à l'international, se voit reproché son non- alignement sur les principaux camps antagonistes et son ancrage purement commercial à l'exclusion de toute surenchère politicienne. En mars dernier, le président du Parlement Saleh Aguila avait obtenu la désignation de Fathi Bachagha comme Premier ministre en remplacement de Dbeibah qui a fait front en affirmant qu'il ne partira avec son équipe gouvernementale, basée à Tripoli et bénéficiant de l'onction onusienne puisqu'il est issu du Forum de dialogue politique interlibyen (FDPL) conduit par La Manul qu'à l'issue des élections générales. Celles-ci, prévues par le FDPL le 24 décembre 2021, ont été reportées sans qu'aucune date ne soit convenue, depuis, et les Libyens découvrent avec consternation un retour à la situation antérieure durant laquelle Haftar avait tenté une brutale offensive contre Tripoli avant d'essuyer une véritable déroute.Le nouveau responsable de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) a donc pris ses fonctions jeudi, avec la crainte de nouveaux troubles qui affecteraient non seulement la production des hydrocarbures mais également le fragile statu quo en place depuis les accords de 2021, à la fois politiques avec les discussions des camps antagonistes à Tunis puis à Genève, et militaires avec les multiples réunions du Comité mixte 5+5 qui a oeuvré en faveur d'un cessez-le-feu généralisé et respecté à ce jour, malgré quelques affrontements sporadiques entre des milices rivales. La communauté internationale se dit «profondément préoccupée» par cette nouvelle donne et l'ambassadeur des Etats-Unis a même mis en garde contre le risque d' « une confrontation armée». «Vitale pour la stabilité et la prospérité de la Libye», la NOC est «restée politiquement indépendante et techniquement compétente sous la direction de Mustafa Sanalla», a-t-il déclaré dans un communiqué. Or, les revenus provenant du pétrole sont à la base même des divisions et des affrontements qui opposent l'Est et l'Ouest depuis 2011 et ils nourrissent les calculs politiques des dirigeants des deux camps. Avec l'intronisation de Farhat Bengdara, un banquier nommé par décret du chef du gouvernement de Tripoli (ouest), Abdelhamid Dbeibah, entré en fonction jeudi sans passation de pouvoir avec Mustafa Sanalla, la mèche de la poudrière est en quelque sorte allumée même s'il a promis d'emblée de «travailler selon les critères les plus élevés de bonne gouvernance» tout en annonçant une hausse des salaires dans le secteur qui, prend-il le soin de souligner, a été «décidée par le gouvernement» pour une application au plus tard en septembre prochain. Le nouveau Conseil d'administration doit faire face à une vive contestation par des personnalités incontournables dont Mustafa Sanalla lui-même qui refuse de reconnaître ces décisions. Après 8 ans à la tête de la NOC, Sanalla a su tisser un réseau relationnel majeur auprès des grandes compagnies internationales et son départ, selon nombre d'analystes, pourrait entraîner un «chaos supplémentaire» pour la Libye. Selon toute vraisemblance, sa mise à l'écart résulte d'une convergence momentanée entre Dbeibah et le maréchal Khalifa Haftar en perspective d'une accord plus ancré, Dbeibah ayant accès aux fonds publics provenant de la NOC et Haftar mettant fin au blocus des champs pétroliers par ses milices, avant de retirer son soutien au gouvernement Bachagha. Ce deal de circonstance ne sera pas durable mais il permet dans l'immédiat au nouveau chef de la NOC, Farhat Bengdara, 57 ans, ancien gouverneur de la Banque centrale entre 2006 et 2011, très proche des Emirats et conseiller du cabinet parallèle de Benghazi en 2015-2016, de concrétiser cette approche. Sanalla a-t-il raison de dire qu'il doit son éjection aux Emirats'


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