- Vous êtes élu président de l'AC2A dans une conjoncture assez spéciale, marquée essentiellement par les bouleversements réglementaires qu'a connus le marché de l'automobile. Quels sentiments vous animent, en tant que président de l'AC2A 'J'estime que jusqu'à une certaine période l'Association a fait un travail intéressant. Maintenant, il est vrai que l'année 2015 est un peu compliquée ; il s'agit finalement d'un épiphénomène, mais qui a des conséquences sur la vie des entreprises. C'est surtout le manque de visibilité qui est gênant.Nous nourrissons l'ambition de contribuer au développement de l'économie nationale, à travers sa diversification et son industrialisation. Nous avons l'obligation de répondre à un cahier des charges, dont les exigences concourent à l'édification d'une nouvelle politique industrielle pleinement intégrée. Les contours de cette stratégie ont été dressés par le Premier ministre et le ministère de l'Industrie pour la partie qui nous concerne.Je pense que nous disposons aujourd'hui d'importantes opportunités à même d'?uvrer dans cette direction, dans un souci d'intérêt général et dans l'intérêt de l'Algérie. Il est temps de doter le pays d'une politique industrielle, voire d'un esprit industriel. Et dans un esprit industriel, il est primordial de libérer l'investissement et la création de la valeur ajoutée, qui doit être partagée par un ensemble de partenaires, sous-traitants, etc.- Quels sont les dossiers que vous jugez prioritaires 'Honnêtement, ma première mission consiste à écouter. Cependant, dans quelques semaines nous serons à même de présenter de manière très précise les axes prioritaires sur lesquels nous devrons travailler au sein de l'Association. Il va sans dire que la priorité consiste, d'abord, à gagner et à consolider la confiance des pouvoirs publics et, ensuite, reconstruire les ponts de communication. Nous avons également des axes de fond que nous avons identifiés, dont l'adaptation de nos différentes lignes de métier avec les exigences de la nouvelle réglementation.Il y a un cahier des charges qui a été publié, des instructions du Premier ministre et un décret de ministère de l'Industrie? Il est hors de question, pour nous, de vouloir remettre en cause ces textes réglementaires qui ont été votés par le gouvernement. Et nous n'avons aucunement cette volonté de le faire. Cependant, il y a une nécessité de clarifier certains points techniques pour que ce cahier des charges soit une réussite, parce que, finalement, c'est l'objectif de tout le monde.Que ce cahier des charges soit une réussite, pas seulement au niveau national, mais aussi qu'il soit une référence sur la scène internationale. Et pour qu'il soit une réussite, cela dépend de la contribution de tous les intervenants, dont l'AC2A, les ministères des Transports, de l'Industrie, de l'Intérieur? Il y a donc une multitude de partenaires impliqués nécessairement directement ou indirectement dans la bonne mise en ?uvre du cahier des charges.- Avant la publication du nouveau cahier des charges, de précédentes lois obligeaient les concessionnaires à investir dans une activité industrielle. Cette dimension est-elle un élément central de votre démarche au sein de l'AC2A 'L'aspect réglementaire compris dans la loi de finances 2014 qui nous oblige à investir dans une activité industrielle est une opportunité. C'est un avis personnel. Mais en tant que président de l'AC2A, j'estime qu'il est de notre devoir de contribuer à la création de valeur ajoutée et à la diversification de l'économie du pays. Il ne faut pas oublier que nous exerçons un métier noble : celui de l'automobile.Nous avons tissé depuis plus d'une quinzaine d'années tout un réseau de distribution qui a créé de l'emploi et de la richesse. Il ne s'agissait pas uniquement de vendre des véhicules, mais de créer des métiers liés à l'automobile, à l'image de la réparation, la mécanique, l'électricité, le management, le marketing, etc. Notre ambition au sein de l'AC2A étant de créer, à l'avenir, un véritable lien avec le monde de la formation professionnelle et de l'apprentissage lié aux métiers de l'automobile.Quand je parle de liens, il ne s'agit pas de faire des colloques, mais de tisser des liens éducatifs grâce auxquels les membres de l'Association participeront pleinement à la mise en place d'un programme de formation professionnelle. Nous n'excluons pas l'institution, à terme, d'un diplôme de formation professionnelle certifié AC2A, en étroite collaboration avec les institutions compétentes.Nous avons la prétention justifiée de croire que, grâce à la maîtrise de nos métiers et les partenariats que nous avons déjà tissés avec les fabricants, nous sommes capables aujourd'hui d'apporter une prévalue technique fondamentale. C'est dire toute la volonté qui nous anime à même d'intégrer cet aspect de la formation qui est très important. Evidemment, il y a d'autres aspects qui ne sont pas des moindres.- Travaillez-vous sur d'autres axes 'Nous avons l'intention de créer également la notion de filières au sein de l'AC2A : camions, engins de travaux publics?, afin que ces filières soient mieux représentées. Nous travaillons aussi sur d'autres axes importants, dont la problématique de la pièce de rechange. Notre volonté est de pouvoir participer à apporter une contribution à l'établissement d'un cahier des charges pour la pièce de rechange et nous ?uvrons, par là même, avec les services des Douanes à mettre en place un bureau de lutte contre la contrefaçon.Ce sont des challenges, des chantiers si importants qui doivent aider à la professionnalisation de notre métier, à la responsabilité pleine et entière des acteurs de ce métier, mais aussi à faire pour que l'Algérie soit un marché sain dans un environnement sain. C'est notre priorité. Notre objectif.- Peut-on s'attendre à ce que finalement l'Association change de statut à l'avenir 'Rien n'est figé dans le marbre ; nous sommes dans une société en pleine évolution. Quel que soit l'organisme, il se doit de s'adapter. Aujourd'hui, nous avons une dimension industrielle en Algérie. Nous n'avons de choix que d'y aller. Et au-delà de ces considérations ? il faut rendre d'ailleurs hommage aux pouvoirs publics d'avoir passé le pas ?, nous avons également un certain nombre d'outils qui peuvent rentabiliser l'investissement en Algérie.L'AC2A doit évoluer. Si aujourd'hui la dimension industrielle est inscrite de manière précise dans le plan du gouvernement, elle doit être inscrite également de manière précise dans le plan de charges de l'AC2A. Si la question est ce qu'on appelle une modification statutaire. C'est probable. Je ne peux pas en juger, mais je ferai une proposition en ce sens à l'assemblée générale qui devra statuer. Mais bien entendu, je souhaite ancrer l'AC2A dans une dimension profondément industrielle parce qu'il y va de la densification de l'économie de notre pays.- Comment analysez-vous la situation actuelle du marché 'La notion de bras de fer me paraît honnêtement exagérée, parce que nous ne sommes pas dans un affrontement avec les pouvoirs publics. Cela n'aurait pas de sens, parce que ce n'est pas productif. Toutefois, il est de notre intérêt d'avoir une meilleure communication et il faut faire d'abord son mea culpa au lieu d'aller se plaindre auprès des autres. Il est vrai que nous vivons une situation difficile qui a été provoquée par un certain nombre d'amalgames, mais nous travaillons à même de sortir de cette situation en mettant en ?uvre une approche concrète pour répondre aux exigences de la réglementation.- Quel est l'impact de la situation actuelle sur les concessionnaires 'Il est de notre responsabilité d'avoir une cartographie plus précise de la situation actuelle, compte tenu du blocage administratif que nous subissons. Un certain nombre de nos confrères, volontairement ou involontairement, se sont mis à prendre des mesures de précaution, voire des mesures dures. La situation est très fragile, mais elle n'est pas catastrophique, parce que les délais sont encore raisonnables. La situation peut empirer dans les semaines qui viennent, mais pour qu'elle ne le soit pas c'est aujourd'hui qu'il faut agir par des mesures qui devraient être prises par le gouvernement. Nous demandons à ce que le gouvernement nous écoute.
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Posté Le : 25/06/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rabah Beldjenna Ali Titouche
Source : www.elwatan.com