Algérie

«Nous tenons à la stabilité régionale»



L'Algérie et la France ont du mal, ces derniers jours, à s'entendre sur un agenda politique susceptible de placer leurs relations sur une trajectoire positive et irréversible. Mais cet écueil n'empêche pas, au plan opérationnel, que les choses se disent avec la clarté et la fermeté qui sied, lorsque il faille souligner la sécurité des territoires. C'est ce qui s'est produit, ce jeudi, entre le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, Saïd Chanegriha, et son homologue français, François Lecointre.Les deux hommes se sont certainement parlé «les yeux dans les yeux» de ce qui rapproche et de ce qui éloigne les deux armées algérienne et française. Il faut dire qu'en l'espèce, le propos du général de corps d'armée renvoie à une situation difficile sur le terrain. En effet, contrairement à la France qui guerroie dans le Sahel, histoire de sauvegarder ses intérêts et accessoirement maintenir une influence dans la région, l'Algérie affronte, au quotidien les conséquences de la «folie guerrière» de Nicolas Sarkozy qui a détruit la Libye. Les graves implications sur le terrain des opérations, c'est l'armée algérienne qui les gère. Saïd Chanegriha ne pouvait pas être plus clair à l'adresse de son invité en relevant que «d'énormes efforts sont consentis par mon pays à travers l'adaptation des dispositifs militaires tout au long des frontières». L'armée française qui déploie quelques milliers de soldats dans le Sahel n'a pas le même souci. L'approche est totalement différente. L'ANP met presque toutes ses forces dans la sécurisation des frontières, devenues explosives après l'invasion de la Libye et l'occupation du Nord Mali par des hordes de terroristes. Le chef d'état-major ne s'égare pas dans son propos et révèle l'ambition de l'Algérie qui consiste à «concrétiser la stabilité dans les pays de l'espace méditerranéen». Ce que la France n'a pas du tout fait, bien au contraire. Que ce soit lors des attaques dirigées contre le régime de Mouamar El Gueddafi ou en promouvant une solution strictement militaire au Mali, Paris a eu tout faux. Le dispositif Barkhane n'a rien résolu, contrairement à l'accord d'Alger qui s'impose aujourd'hui, comme une solution incontournable.
Au plan des échanges entre les armées de la région, Saïd Chanegriha n' a pas manqué de dire à François Lecointre, la philosophie de l'Algérie en créant «le mécanisme du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc)». Un organe transnational qui fait sienne la solidarité entre Etats, mais rejette l'ingérence dans leurs affaires internes. C'est à travers le Cemoc que «l'Algérie n'a pas lésiné sur les initiatives et le soutien en direction de ses voisins», tout en avantageant la coordination des «efforts sur la base d'une vision commune».
Le communiqué du ministère de la Défense nationale qui a rendu compte de l'entrevue entre les deux chefs d'état-major des armées des deux pays a abordé la question des essais nucléaires français au sud de l'Algérie. Il est question de négociations que Saïd Chanegriha n'hésite pas à user du terme «problématiques» pour les qualifier. Cela revient à constater l'insatisfaction de la partie algérienne. À ce propos, le militaire algérien s'adresse à son homologue en affirmant attendre son «soutien, lors de la 17e session du Groupe mixte algéro-français (...) pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In Ekker».
L'attente algérienne est d'autant plus pressante que la question du traitement des sites irradiés doit être une priorité de l'heure, compte tenu des graves implications sanitaires sur des centaines de milliers d'Algériens, pour ne pas dire des millions. On retiendra, à ce propos, l'épisode récent où le ciel au-dessus de la France était sombre et orangé en raison du sable du Sahara, charrié par les vents et contenant du césium-137. Que dire du ciel algérien toutes ces décennies passées. C'est dire que l'évocation par le chef d'état-major des essais nucléaires français à Reggane et In Ekker est très objective. Elle l'est d'autant plus que l'attente algérienne ne relève pas d'un simple soutien, puisque l'ANP, par la voix de son premier responsable réclame également une assistance officielle de l'armée française pour fournir à l'ANP «les cartes topographiques permettant la localisation des zones d'enfouissement». Il faut savoir, et Saïd Changeriha l'a bien précisé, il en existe qui n'ont pas encore été découvertes à ce jour.


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