Algérie

«Nous subissons des blocages obscurs»



Le patron de NCA-Rouiba, l'une des entreprises leaders dans le secteur de l'agroalimentaire, dénonce des blocages obscurs dont sa société fait l'objet à la Bourse d'Alger où elle est cotée depuis 2013. Depuis près de trois ans, la sortie prévue du fonds d'investissement étranger Africinvest du capital de NCA-Rouiba par la cession d'actions en Bourse reste inexplicablement bloquée par le ministère de l'Industrie, qui fait valoir des motifs liés au droit de préemption. Une position officielle qui porte gravement préjudice à l'entreprise et à la place financière locale, décrie Slim Othmani dans cet entretien.? La cession de la partie restante des actions détenues par le fonds d'investissement Africinvest dans le capital de NCA-Rouiba fait l'objet de certains blocages. Pourriez-vous nous donner plus de précisions '
Ces blocages remontent au temps de l'ancien ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb. Les raisons d'un tel blocage sont obscures. En tout état de cause, ce que nous déplorons, c'est l'absence de combativité de la part du gendarme de la Bourse qui, au lieu d'agir, a préféré se murer dans le mutisme en laissant s'installer une situation inacceptable.
Je pense qu'une forte dose de subjectivité a entaché le processus. La peur d'une prise de décision saine et loyale de la part de la Cosob a été l'événement le plus surprenant. Plus surprenant encore, le parti pris de la Cosob avec une institution qui n'est pas sa tutelle. Ceci sans compter le mutisme du ministère des Finances.
? Quelles en sont les conséquences pour votre entreprise et pour la Bourse d'Alger '
Pour notre entreprise, les conséquences sont énormes et se mesurent en milliards de dinars de pertes de valeur du titre. Mais le plus important et le plus grave dans un marché financier, c'est la perte de crédibilité et de confiance. Je suis convaincu que ceux qui ont initié et entretenu cet état de fait n'ont pas mesuré l'impact de leurs actes sur la place financière algérienne.
Je suis même surpris que de tels comportements soient passés sous silence sans être sanctionnés. Le résultat de ce grand n'importe quoi est une place financière morose et une grande défiance de la part des investisseurs nationaux. Sans compter l'inexplicable fermeture aux investisseurs internationaux.
On pourrait en rajouter en rappelant qu'un Algérien avec le statut de résident à l'étranger ne peut pas ouvrir de compte titre lui permettant d'acheter des actions à la Bourse, même s'il paie en dinars et ne réclame aucun rapatriement de ses dividendes. Ce qui est de mon point de vue scandaleux. Mais la diaspora n'est plus à un silence près vis-à-vis de l'incohérence qui prévaut à son égard.
? Le déblocage de cette opération de cession d'actions relève-t-il des instances en charge de la Bourse d'Alger '
Oui, incontestablement. C'était à la Cosob de rappeler au ministère de l'Industrie son obligation de réponse dans les délais (même si la notion de droit de préemption sur des titres au porteur cotés à la Bourse est une absurdité). Non seulement ils n'ont pas fait leur travail, mais ils se sont rendus complices d'un processus subjectif qui a lésé l'investisseur, l'entreprise, le fonctionnement de la Bourse d'Alger et la crédibilité des institutions algériennes.
C'est tout simplement un crime économique qui ne dit pas son nom. Dans un système économique qui se respecte, la Cosob aurait fait l'objet d'un procès en bonne et due forme, assorti de lourdes sanctions et pénalités financières à la hauteur du préjudice. A présent que le mal est fait, il est plus qu'urgent d'une part de réformer en profondeur la Cosob et sa gouvernance et d'autre part d'ouvrir la Bourse d'Alger aux investisseurs internationaux.
L'Algérie à un cruel besoin de diversifier son économie, de s'ouvrir à l'économie mondiale et de s'arrimer aux chaînes de valeurs internationales. Ce n'est pas en sur-bureaucratisant le rare instrument financier que nous avons à disposition que nous réussirons à concrétiser notre plan d'urgence économique matérialisé par une série de réformes incontournables.


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