Algérie

«Nous sommes victimes de représailles»



«Nous sommes victimes de représailles»
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), ne trouve pas un qualificatif fort pour décrire le scrutin de jeudi 23 novembre.«Nous avons assisté à un pseudo scrutin et non à des élections réelles», a lancé la première dame du PT lors d'une conférence de presse, animée hier au siège de son parti, et consacrée essentiellement à l'analyse des résultats du double scrutin de jeudi dernier. Des résultats qui n'ont pas vraiment surpris les membres du PT, tant c'était prévisible, explique Mme Hanoune, vu le contexte qui a précédé le scrutin.
A l'entame de sa conférence, la leader du PT a estimé que sa formation était «victime de vengeance». Le PT a été, selon sa dirigeante, sanctionné parce qu'il a dit des vérités aux citoyens sur les objectifs du gouvernement, les aspirations des oligarques et surtout sur la politique économique d'un gouvernement qui est au service d'une minorité. Le PT a aussi dénoncé les lois de finances 2016 et 2018 mettant à nu la véritable façade du régime. «Nous assistons à la destruction de la démocratie politique, de l'Etat et de la liberté d'expression. Ce n'est même pas le retour au parti unique, car à l'époque il n'y avait pas cette expression violente de la décomposition», s'insurge la leader du PT.
Pour elle, aujourd'hui, il n'existe aucune limite au mépris de la part de certains responsables à l'égard de la majorité du peuple. De l'avis de la conférencière, les assemblées issues de ce scrutin seront, pour une bonne partie, dirigées par des personnes qui n'ont aucun lien avec la politique et qui sont au service «de la prédation» locale. Mme Hanoune est revenue en long et en large sur les taux de participation qu'elle qualifie d'erronés. Elle ne comprend pas comment entre 18h et 20h, le taux de participation a grimpé de 34% à plus de 40%, alors que les bureaux de vote étaient quasiment vides «Ce sont, à mon avis, 2 millions et demi de fantômes qui ont voté en l'espace de deux heures», ironise-t-elle.
En dénonçant une fraude à grande échelle, la secrétaire générale du PT se dit persuadée que les encadreurs et les chefs de centre n'ont pas agi de leur propre gré pour bourrer les urnes et falsifier les PV. Ces derniers ont reçu, affirme-t-elle, des instructions pour frauder au profit des partis au pouvoir et leurs alliés. «A Annaba, le FLN a raflé les 39 communes et le RND 3.
Ce n'est pas normal. A Mascara, nous étions les premiers sur la liste mais après les délibérations, le PT se retrouve avec zéro siège. C'est incompréhensible. D'ailleurs, des manifestations se sont déclenchées dans cette région en guise de rejet des résultats», soutient la patronne du PT, rappelant la criminalisation de la fraude par la nouvelle Constitution. Mais pour elle, ce système n'est pas réformable, il est même incapable de se renouveler et de se donner un nouveau souffle.
Avec ces pratiques, elle pense que ce système est en train d'accélérer sa fin. «Nous sommes pratiquement le seul pays en Afrique qui fraude de cette manière et les Algériens qui ont suivi l'opération de vote ne vont pas croire aux chiffres du ministère ; ainsi le fossé va encore une fois s'élargir», craint Mme Hanoune qui estime que son parti n'a pas régressé, mais c'est plutôt l'Algérie qui a reculé dans tous les domaines social, économique, politique, culturel et sportif. «Le PT a atteint les objectifs politiques qu'il s'est assignés.
Notre campagne pour les locales a dérangé en haut lieu. Seulement, ces faux résultats viennent d'établir que la démocratisation des institutions et le renouveau politique ne passeront pas par l'urne, mais par une mobilisation populaire large», note Mme Hanoune, qui a rappelé le hold-up opéré contre la volonté populaire lors des législatives du 4 mai et dont son parti a été également victime d'une vengeance. A cet effet, elle fait un rapprochement avec la présidentielle de 2019 et pense que le pouvoir tente par tous les moyens de l'écarter de ces joutes.
«Toutes les réformes du président Bouteflika ont été vidées de leur substance. Nous dérangeons en haut lieu et peut-être nous risquons, aux yeux du pouvoir, de déranger la présidentielle de 2019, d'où cet acharnement contre notre parti !» s'exclame la leader du PT, prête à soutenir et à porter toute action émanant de la base et visant à sortir le pays de l'impasse. Par ailleurs, Mme Hanoune a refusé de commenter la polémique suscitée par Farouk Ksentini.


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