Algérie

«Nous sommes sur un très gros projet»



L'Expression: Vous venez d'effectuer une visite de travail en Algérie. Pouvons-nous connaître l'objet de votre déplacement'Rami Scander: Tout d'abord, il faut comprendre que je chapeaute AstraZeneca dans tout le Proche-Orient et le Maghreb. Il est donc tout à fait normal que je fasse régulièrement des visites de travail dans les pays qui sont sous ma coupe, surtout que l'Algérie est mon marché numéro 1. Il est le plus important dans toute la région pour AstraZeneca. C'est dans ce sens que nous avons lancé, en collaboration avec les autorités algériennes, plusieurs opérations d'intérêt public. À l'image de la campagne nationale de diagnostic du cancer du poumon qui a débuté en 2020. 1 500 malades ont bénéficié de ce programme auquel nous avons réservé une enveloppe de 400 000 euros. Nous sommes aussi sur un projet caritatif qui concerne l'asthme chez les enfants. Nous venons juste de le finaliser, il s'agit de distribuer gracieusement des machines qui aident à contrôler cette maladie chez les bambins. L'objet principal de mon déplacement en Algérie concerne donc le suivi de ces projets qui ont un intérêt particulier pour AstraZeneca.
AstraZeneca est en train de faire dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en Algérie, mais sachant que l'Algérie a entamé le grand virage de la production locale, votre entreprise va-t-elle contribuer à cette «révolution» en produisant localement certains médicaments'
Justement, j'allais venir à ce point, car mon voyage a coïncidé avec le lancement du plus grand projet de AstraZeneca dans la région Proche-Orient et Maghreb. Le travail que sont en train de faire les responsables de la santé et de l'industrie pharmaceutique en Algérie, nous a permis de fabriquer localement l'un de nos «bests-sellers». Il s'agit du Crestor, un médicament contre le cholestérol et les triglycérides permettant de prévenir contre les maladies cardiovasculaires. La première boite est sortie de l'usine au mois de janvier de cette année. Il faut savoir que ce n'est pas qu'un conditionnement en Algérie mais un «full process» qui va de la matière première à la mise en boîte. Il s'agit de la molécule mère, isolée par des mains algériennes, qui sera disponible au même prix que le générique. C'est la première fois que AstraZeneca fabrique totalement le Crestor dans toute l'Afrique et au Moyen -Orient.
Est-ce le seul produit fabriqué en Algérie par votre entreprise'
Non, nous avons entamé, depuis quelques années déjà, la production de médicaments en Algérie. Il s'agit de l'Atacand, un traitement de l'hypertension artérielle primaire chez l'adulte. Nous sommes aussi sur un nouveau projet qui devrait démarrer dans les prochains mois. Nous venons d'achever le transfert de technologie, il devrait être opérationnel très prochainement. Toutefois, le contact permanent et les discussions incessantes avec le ministre de l'Industrie Pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, nous permettent de voir grand. Nous travaillons actuellement sur un énorme projet de fabrication de médicaments hautement importants en Algérie. Les choses avancent bien et vite. Nous espérons le lancer avant la fin de l'année. Je ne peux pas vous en dire plus pour des raisons de confidentialité mais il s'agit de projets qui vont donner une nouvelle dimension à notre production locale. La volonté actuelle affichée par les autorités algériennes nous laisse entrevoir des projets du même genre dans les trois à cinq ans à venir.
Ce grand projet concerne t-il les anticancéreux'
(Rire). Vous savez que je ne peux rien vous dire. Je précise seulement que AstraZeneca travaille sur trois grands axes en Algérie. Il s'agit du cancer, de l'asthme, des maladies cardiovasculaires, du diabète et des vaccins. Toutes les maladies méritent une attention particulière, mais là je vais vous parler en termes d'économie et d'argent. Il est plus intéressant pour l'Algérie de fabriquer les traitements contre les maladies cardiovasculaires ou le diabète que les anticancéreux, qui demandent plus d'investissements. À titre d'exemple, il faut savoir que 1,5 million d'Algériens sont sous traitement du médicament d'AstraZeneca contre l'hypertension Atacand. Les chiffres sont aussi très importants en ce qui concerne le Crestor. Le chiffre d'affaires de AstraZeneca en Algérie est de 65 millions de dollars. Avec la fabrication du ce médicament dans le pays, c'est 65 à 70% de cette valeur qui sera généré par la production nationale. Je vous laisse donc compter combien d'économie en devises cela fera pour l'Algérie.
Vous êtes donc résolument tourné vers le «made in bladi». Envisagez-vous d'aller vers l'exportation'
C'est un projet parmi tant d'autres que nous discutons avec nos homologues algériens. Je ne vais pas vous mentir, on en a parlé avec le ministre, mais cela reste pour le moment, au stade des discussions. On peut le faire, on espère le faire mais pas dans l'immédiat. Peut-être dans un an, dans deux ans...qui sait' Pour le moment, on aspire à répondre aux besoins du marché algérien. Nous verrons après, les choses peuvent aller très vite...
AstraZeneca produit deux de ses médicaments les plus importants en Algérie. Une question me vient à l'esprit: où se trouve votre unité de production'
C'est une très bonne question. AstraZeneca ne dispose pas de sa propre usine en Algérie. Elle travaille avec deux producteurs locaux, en l'occurrence Biopharm et At Pharma. Il s'agit de deux partenaires sérieux qui répondent parfaitement à nos besoins, que ce soit en capacité de production ou en qualité. Vous savez, les usines de médicaments en Algérie sont très très modernes, ce qui nous facilite beaucoup la tâche. L'Algérie dispose de nombreuses usines de médicaments en Algérie. AstraZeneca ne voit pas donc l'utilité de lancer une grande usine alors que des opérateurs locaux savent très bien le faire, ce qui ne nous empêche pas de faire preuve de grandes ambitions, à travers les futurs projets que vous allez bientôt avoir le plaisir de découvrir. L'Algérie est un marché qui compte pour notre groupe. Nous sommes donc là pour la soutenir dans ses efforts de développement de la production locale et la réduction de la facture d'importation des médicaments.


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