Algérie

«Nous sommes ouverts à la négociation...»



«Nous sommes ouverts à la négociation...»
Diplomate et négociateur chevronné du Front Polisario, Mohamed Kheddad revient, dans ce bref entretien, sur les facteurs de blocage du processus devant permettre le droit du peuple sahraoui à décider de son destin. A l'épreuve, dit-il, du Conseil de sécurité, l'aura de l'ex-président allemand, certes une grande personnalité, peut s'avérer inutile. «Monsieur Horst Köhler, comme James Baker, ancien envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, disposent tous les deux des prestige et autorité morale nécessaires, mais quid des membres du Conseil de sécurité qui bloquent systématiquement les efforts des émissaires de l'Onu?».Les officiels marocains ont accueilli favorablement la désignation de Horst Köhler en tant qu'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, le qualifiant au passage de personnalité «pragmatique» : craignez-vous que celui-ci fasse pencher la balance du côté marocain '
Ce qui est en jeu ce sont la légalité et le droit international. Monsieur Horst Köhler ne peut pas désavouer la Haute cour européenne qui vient de statuer que le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts et séparés et que rien ne peut se faire sans le consentement du peuple du Sahara occidental. C'est la doctrine des Nations unies que la Cour européenne de justice vient de réaffirmer.
Dans les faits, donc, il ne peut y avoir de pragmatisme sans respect du droit international, de la liberté des peuples, des principes de la démocratie. Parce que ce que nous demandons n'est rien d'autre qu'une solution démocratique et, franchement, je vois mal quelqu'un s'opposer à une solution démocratique à ce conflit. Et c'est d'autant plus vrai que l'Europe a comme fondement sacré, cette même démocratie.
Monsieur Horst Köhler est une grande tête d'affiche : il a l'autorité morale, le prestige et le soutien du secrétaire général de l'ONU.
Maintenant, au Conseil de sécurité, les blocages qui ont toujours prévalu, notamment de la part de la France, seront-ils pour autant levés '
Puisque, en fin de compte, l'obstacle majeur à l'assainissement de ce dossier demeure la position de la France.
Cet obstacle prévaut aussi bien au niveau de l'ONU qu'à celui de l'Union africaine.
Il y a une semaine, nous en avons eu de nouveau la preuve : le ministre français des Affaires étrangères est monté au créneau pour disperser les voix africaines, saboter leurs décisions et s'immiscer directement dans les affaires africaines.
Vous vous êtes toujours déclaré favorable à la négociation. La visite de Horst Köhler amorcera-t-elle de nouveaux rounds '
Nous avons exprimé à Monsieur Horst Köhler notre disponibilité à coopérer, nous l'avions déjà exprimé à New York (?) ; le problème est un problème de décolonisation et, en la matière, la doctrine des Nations unies est claire : c'est la mise en ?uvre du droit des peuples à l'autodétermination. Nous sommes, à ce titre, tous disposés à la négociation.
Parce que, en définitive, qu'est-ce qui a fait que les prédécesseurs de Monsieur Horst Köhler aient tous échoué ' Est-ce parce qu'ils manquaient de prestige ' James Baker, pour ne citer que lui, ne pouvait manquer d'aura ou de prestige ; ou est-ce par manque de volonté politique, d'enthousiasme de certains membres du Conseil de sécurité, pour ne pas dire carrément d'opposition directe aux efforts des envoyés spéciaux des différents secrétaires des Nations unies. Monsieur Baker a tout fait, mais ses efforts n'ont-ils pas buté sur le mur du Conseil de sécurité.


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