«Nous sommes en mesure de remplacer les matériaux de construction importés»

«Nous sommes à même de nous substituer aux importations de matériaux de construction d'ici deux années», a affirmé hier le président de la Confédération générale du patronat du BTPH, Abdelmadjid Dennouni, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Accusant des opérateurs d'importer de grosses quantités de produits et matériaux de construction pour faciliter les exportations frauduleuses de devises, l'invité de la rédaction signale que l'institution par l'Etat d'une régulation des importations de ces matériaux a déjà permis de réaliser une économie de 500 millions de dollars.«Cette somme a été économisée au terme du premier semestre 2015, et ce, grâce à la circulaire du ministère de l'Habitat et celui du Commerce qui sont intervenus pour interdire aux entreprises étrangères d'importer tout ce qu'elles veulent aux quantités qu'elles désirent», a souligné Dennouni. Ce responsable dira qu'une entreprise de réalisation d'un gros projet qui n'a besoin de que 10 000 tonnes de fer en béton importe plus de 30 000 tonnes et vend les 20 000 tonnes restantes au marché parallèle. «C'est ce qui se faisait et se fait actuellement sur le marché, alourdissant largement la facture d'importation», poursuit-il. Pour combler le déficit et compléter le manque de ciment au niveau national,Dennouni explique qu'en plus de la régulation d'importation de matériaux de construction, un grand programme d'investissement au niveau des cimenteries publiques est en train d'être établi, en plus de deux unités au niveau des wilayas de Sétif et de Chlef qui connaîtront d'ici 2017 une augmentation de la production d'environ 3 millions de tonnes. La production nationale actuelle est de 19 millions et demi de tonnes, incluant les cimenteries publiques et privées (2 publiques et 2 privées). «Nos besoins dépassent les 24 millions de tonnes et la production nationale enregistre un déficit de 5 millions de tonnes qu'il faudra combler», précise Dennouni.L'invité de la Radio chiffre à quelque 4 millions de tonnes les quantités de ciment ramenées au pays et de à 30 à 40% la couverture par l'importation des besoins nationaux en fer à béton, tout en précisant que la remise à niveau de l'aciérie d'El Hadjar permettra de réduire drastiquement la dépendance vis-à-vis de l'étranger. Dennouni souligne que l'autosuffisance du pays en produits destinés au BTPH n'est en rien une vue de l'esprit. Il en veut pour preuve la réalisation en cours de cimenteries prévues pour «produire de deux à trois millions de tonnes de ciment d'ici 2017», pour répondre à la demande interne et placer l'excédent sur le marché étranger.L'invité avance que les énormes investissements consentis dans le secteur du BTPH devraient permettre, dans une première phase, d'économiser environ 2 milliards de dollars d'importations. Pour donner corps à cet objectif, Dennouni appelle à revoir les normes de construction, à mettre à niveau les entreprises du bâtiment, à faire appel à une main-d'?uvre qualifiée, à remettre en cause les études bâclées et à maîtriser les coûts de réalisation. Le président de la CGP-BTPH dénonce, par ailleurs, le «favoritisme» dont jouissent, d'après lui, les opérateurs étrangers opérant en Algérie, lesquels disposeraient de centrales à béton et bénéficieraient d'un accès privilégié aux cimenteries, «ce qui n'est pas autorisé pour les entreprises algériennes» les confrontant, de fait, à une concurrence déloyale.Dennouni exprime, d'un autre côté, sa satisfaction de voir la construction de l'autoroute des Hauts Plateaux confiée à des opérateurs algériens, assurant que les coûts en seront de loin inférieurs à ceux consentis pour la réalisation de l'autoroute Est-Ouest par des étrangers. Concernant la 18e édition du Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics, Batimatec, qui se tient actuellement à la Safex, Dennouni dira que c'est un carrefour d'échange et d'expertise entre les opérateurs économiques. Une occasion pour rencontrer les professionnels du secteur, prendre connaissance des nouveautés et nouvelles techniques de construction et ainsi établir de nouveaux partenariats entre les opérateurs économiques.