Algérie

«Nous sommes déterminés à durcir notre mouvement de grève»



- Le conseil national du syndicat se réunit aujourd'hui à  Alger pour décider des suites à  donner à  la grève cyclique que vous avez entamée le 8 janvier. Comment comptez-vous organiser la protestation pour exiger la révision du régime indemnitaire et une enquête indépendante sur la pénurie et la hausse de la facture d'importation des médicaments ' Le principe de la reconduction de la grève cyclique de trois jours est déjà retenu. L'assemblée générale du Centre, regroupant les hospitalo-universitaires d'Alger, Tizi Ouzou et Blida, a adopté cette décision et nous comptons même durcir le ton. Le conseil national du syndicat décidera aujourd'hui définitivement, selon les procès-verbaux des assemblées générales tenues dans les différentes régions du pays. Il sera également question d'examiner les actions de protestation à  mener la semaine prochaine. Nous réaffirmons notre demande relative à  l'enquête indépendante sur le médicament. Car il y a lieu de signaler qu'aujourd'hui, c'est le statu quo et nos revendications ne sont pas satisfaites. Le ministère de la Santé nous a conviés à  une réunion, au deuxième jour de la grève, le 9 janvier, avec le chef de cabinet et le secrétaire général du ministère ; le plus important dans cette réunion était d'arriver au gel de la grève. Plus grave encore, ces représentants du ministère nous ont fait comprendre qu'il n'était pas de nos prérogatives de demander une enquête sur les pénuries de médicaments. Nous réaffirmons notre demande d'enquête indépendante sur la pénurie et la hausse de la facture des médicaments et nous exigeons l'installation immédiate de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, comme prévu par la loi.
- Justement, votre revendication relative à  la pénurie de médicaments a déjà été soumise, il y a deux mois, au ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, lors de votre assemblée générale à  laquelle il avait pris part. A-t-il donné suite à  cette revendication ' Je dois rappeler que lors de cette assemblée générale pour laquelle il s'était déplacé, le ministre de la Santé a reconnu la légitimité de nos deux principales revendications, à  savoir la révision du régime indemnitaire et l'enquête indépendante sur la pénurie du médicament qui a fortement marqué l'année 2011. Il s'était engagé formellement, devant un parterre d'hospitalo-universitaires, à  prendre en charge nos revendications, mais il demandait un délai d'un mois pour examiner et répondre favorablement au dossier. Depuis cette date, rien n'a été fait à  ce jour. Donc nous avons décidé de reprendre notre mouvement de protestation. Je dois rappeler que les négociations sur le dossier relatif à  la révision du régime indemnitaire durent depuis trois années ; des taux différents de ceux que nous avons proposés et l'annulation de l'effet rétroactif nous ont été présentés. Pour le médicament, des courriers ont été adressés en 2010, à  l'époque où Saïd Barkat était à  la tête du ministère, et nous avons continué à  demander des explications sur la pénurie du médicament en 2011, mais nous n'avons eu aucune réponse. Il y a six mois, nous avons effectivement demandé une enquête indépendante sur cet état de fait, car nous refusons d'être complices de ce laxisme; de plus, un engagement moral nous lie aux malades. En tant que syndicat des hospitalo-universitaires, nul ne peut nous dénier le droit d'exiger ce type d'enquête, d'autant qu'il y va de la santé des Algériens. Quant à  la hausse de la facture d'importation de médicaments pour l'année 2011, il y a quand même de quoi se poser des questions. Après une année de pénurie, on nous annonce une hausse de cette facture qui atteindra, en 2012, 3 milliards de dollars ! C'est une équation que l'intelligence humaine ne peut accepter. Nous avons le droit de demander où va l'argent de l'Etat, d'autant que depuis deux ans, nous avons constaté une réduction considérable du volume des médicaments dans les hôpitaux.   - Comment peut-on alors expliquer cette hausse '   Nous nous interrogeons sur certaines déclarations du ministre de la Santé prévoyant une surfacturation du médicament pour l'année 2012 en précisant même le chiffre de cette facturation. Qu'attend-il pour justement empêcher cette fraude ' Pourquoi les importateurs et les distributeurs, qu'il a qualifiés de «véreux», n'ont-ils pas été sanctionnés ' Autant de questions qui restent sans réponse. Il est important aussi de préciser que la politique du gouvernement engagée depuis quelques années est d'arriver à  réduire la facture des importations, alors que c'est le contraire qui s'est produit. C'est un constat d'échec.  
- Vous comptez donc reprendre le mouvement de grève la semaine prochaine. Quelle évaluation faites-vous des trois jours de protestation ' Le mouvement de grève a été massivement suivi dans tous les centres hospitaliers. Le taux de suivi est estimé à  85%. Des services ont particulièrement été ciblés, certains ont été paralysés – tels le service de chirurgie à  froid, les examens d'exploration non urgents, les consultations ne relevant pas de l'urgence. Mais d'autres activités médicales ont été assurées, car nous ne pouvons pas pénaliser les malades, notamment pour les cas extrêmement urgents, et ceux venant de l'intérieur du pays. Le syndicat n'exclut pas d'étendre le mouvement de grève au-delà des trois jours cycliques et la grève illimitée n'est pas exclue.

 


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