Algérie

"Nous sommes contre la grève illimitée"



Nabil Ferguenis est porte-parole du Snapap et membre de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie. Dans cet entretien, il revient sur les origines de la grève enclenchée par un autre syndicat de l'éducation qu'est le Cnapeste. Il souligne que son syndicat est contre le recours aux grèves illimitées, particulièrement en ce qui concerne le secteur de l'Education nationale. Ce syndicaliste qui exprime sa solidarité envers ses collègues, appelle toutefois tout les protagonistes de cette crise au dialogue. «C'est la seule solution», soutient-il. Appréciez- plutôt...-L'Expression: Bonjour M. Ferguenis, quelle lecture faites- vous de la grève enclenchée par le Cnapeste'
Ferguenis Nabil: C'est une question à laquelle seul le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) pourra vous répondre. Mais cela ne m'empêche pas d'exprimer mon avis, en tant qu'enseignant syndicaliste. Au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) on n'a pas la même démarche de grève illimitée pour régler les problèmes particulièrement en ce qui concerne le secteur de l'éducation, je ne partage d'ailleurs pas l'action d'une grève illimitée, mais je pense que cela est le résultat du mutisme de la tutelle qui devrait assumer totalement les conséquences. J'appelle dans ce sens tous les protagonistes à s'asseoir autour d'une table, car seuls les négociations et le dialogue peuvent dénouer la situation.
-Pourquoi en est-on arrivé à une telle situation'
C'est tout simplement dû à l'échec des négociations. La grève a débuté à Blida avec l'exigence du départ de la directrice de l'éducation de la wilaya, avant de se «propager» à travers le pays en se transformant en grève «illimitée» nationale. La tutelle n'a pas réussi à apporter des solutions concrètes aux revendications de ce syndicat, elle doit assumer cet échec et trouver vite une solution qui permettra de mettre fin à cette dangereuse situation. Le marasme que vivent les travailleurs de l'éducation peut aussi être interprété comme l'une des raisons de ce pourrissement, nous avons maintes fois tiré la sonnette d'alarme pour y remédier et prendre en charge les doléances des travailleurs. En vain!
- Selon vous, il n'y pas d'autres formes de pressions qui puissent épargner l'école du spectre de l'année blanche'
Comme je l'ai déjà dit, seul le dialogue pourra débloquer la situation. En tant que syndicaliste, j'appelle à un débat serein autour d'une table pour discuter de tous les points exposés, afin d'arriver à un règlement définitif de la crise. Je tiens à mettre en garde contre le recours aux intimidations qui ne peut qu'aggraver la situation. Car en fin de compte si nos collègues sont sanctionnés, la grève pourrait prendre des proportions alarmantes. Ça ne sera plus l'affaire du Cnapeste, mais celle de toute la famille éducative. C'est pour cela que j'appelle officiellement les deux parties à s'asseoir autour d'une table pour régler au plus vite le problème en prenant en compte d'abord l'intérêt des élèves.
En votre qualité d'enseignant, que préconisez-vous pour éviter à ce secteur de retomber dans ses travers...'
Pour moi, les acteurs de l'éducation doivent définir deux priorités pour la réforme du système éducatif algérien: la refonte pédagogique et la professionnalisation des personnels. Les ateliers thématiques organisés ont permis de définir un ensemble d'objectifs secondaires applicables à moyen et long terme: l'égalité des chances de réussite, la réduction de l'écart entre les régions du Sud et des Hauts-Plateaux avec celles du Nord, la modernisation de la gestion pédagogique et administrative et la généralisation de l'enseignement préscolaire.
Aussi, il faut donner et mettre les travailleurs dans de bonnes conditions, élever leur pouvoir d'achat et bannir toutes les pressions sur les syndicalistes et les libertés chèrement acquises pour qu'ils puissent accomplir leur tâche comme il se doit!


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