Algérie

«Nous sommes à la tête d'une pyramide qui fonctionne mal»



Le directeur général du CHU Mustapha-Pacha à Alger, Abdesselam Benana, affirme que son établissement est «dépassé». Une situation qu'il impute au désordre engendré par certains facteurs parfois «subjectifs» et parfois «objectifs». Pour lui, seule l'autonomie de l'établissement hospitalier permettra de mieux s'adapter aux besoins de la population. Insistant sur l'importance de la ressource humaine, il plaide pour la mise en place d'une stratégie basée sur des rapports contractualisés.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Intervenant hier, à l'émission «LSA Direct», le directeur général du CHU Mustapha-Pacha à Alger, Abdesselam Benana, affirme que les insuffisances dont souffre son établissement persisteront tant que le désordre sévit. «Le CHU Mustapha-Pacha fait partie d'un ensemble du système national de la santé et subit des conséquences. Il est à la tête d'une pyramide qui fonctionne mal», dit-il.
Selon lui, l'usager qui a besoin de réponses dans des délais raisonnables finit toujours par recourir au plus grand hôpital du pays. «Nous sommes obligés de répondre à une demande qui devrait normalement être prise en charge par des structures intermédiaires. Face à un désordre provoqué par un certain nombre de facteurs et de raisons, parfois subjectifs et parfois objectifs, le CHU Mustapha-Pacha subit les conséquences», explique-t-il.
Il reconnaît d'ailleurs que son hôpital est «dépassé», avant de rappeler que cette structure héberge deux établissements de santé indépendants qui répondent à des besoins nationaux : le Centre Pierre et Marie-Curie (CPMC) et le CHU Mustapha-Pacha.
S'agissant de la délocalisation de cette structure, l'invité de l'émission assure qu'elle n'est pas à l'ordre du jour. «Il n'y a rien d'officiel qui prouve qu'un projet pareil a été conçu. Par contre, il y a une dizaine d'années, nous avons pensé à récupérer une partie du terrain du CHU pour construire en hauteur des services de dégagement, et procéder par la suite à la réhabilitation des autres services et les mettre à niveau», dit-il. Avant de préciser qu'actuellement, ces structures sont obsolètes et ne répondent plus aux normes universelles.
Quant à l'exode massif des médecins vers l'étranger, il répond : «Je ne dirais pas que les conditions ne sont pas réunies dans nos hôpitaux, mais elles ne sont pas idéales puisqu'il y a un minimum requis pour pouvoir exercer.» Il estime, toutefois, que cette ressource humaine doit rester en Algérie et profiter aux Algériens. D'autant plus que poursuit-il, «le personnel médical et paramédical est vieillissant. À cela s'ajoute le départ à la retraite anticipée ces dernières années. Une mesure qui nous a vraiment mis à genoux».
Le directeur général du CHU Mustapha-Pacha insiste ainsi sur l'importance de la ressource humaine et sa motivation. Pour ce faire, il suggère de mettre en place une stratégie avec des rapports contractualisés. Il plaide également pour l'autonomie de l'établissement hospitalier afin, dit-il, «de s'adapter aux besoins de la population».
Un début «timide» de la campagne de vaccination anti-Covid-19
Abdesselam Benana revient sur le rôle joué par son établissement dans la lutte contre la propagation de la pandémie de Covid-19. Il rappelle que lorsque l'Algérie a atteint le pic des contaminations, le CHU Mustapha-Pacha avait mobilisé le plus grand nombre de lits d'hospitalisation et de soins intensifs. «Les trois quarts de l'établissement se sont reconvertis pour la prise en charge des malades Covid-19. Aujourd'hui, avec la reprise des autres activités du CHU, chaque mois, un service se mobilise à tour de rôle, exclusivement pour la prise en charge des cas de la pandémie», dit-il.
Concernant la vaccination anti-Covid-19, il assure que son établissement entame cette campagne timidement. «Au départ, nous avons procédé à la vaccination du personnel du CHU. Nous avons ensuite ouvert nos portes à la population, et la priorité a été accordée aux malades chroniques.» Il précise, à cet effet, que les rendez-vous sont pris sur la plate-forme mise en place pour cette opération.
Ry. N.


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