Algérie

«Nous risquons l'expulsion à tout moment»



Se sachant en sursis et contraints de quitter à tout moment les demeures, les concernés ne cachent pas leurs désillusions.Il y a au moins une trentaine de familles qui devraient être expulsées ces jours-ci dans la ville de Skikda. Certaines ne savent désormais plus quoi faire ni où aller et d'autres continuent, malgré tout, de s'accrocher à l'espoir de trouver une issue heureuse. En se rapprochant d'El Watan, quelques-unes de ces familles sont revenues sur le cauchemar qu'elles vivent.
Se sachant en sursis et contraintes de quitter à tout moment les demeures, ces familles ne cachent pas leurs désillusions. «On a essayé de sensibiliser les pouvoirs publics quant à notre situation. On a même délégué des représentants pour leu porter nos malheurs, mais nous ne voyons pour le moment que les avis d'expulsions. Il ne nous reste qu'à espérer une aide de la part du nouveau wali», témoigne l'un des pères de famille concernés.
Même si ces familles se refusent de discuter le droit des propriétaires des logements en question de chercher à récupérer leurs biens, elles interpellent néanmoins les autorités locales, les implorant de leur venir en aide. «Nous avons tous des enfants scolarisés et la majorité d'entre nous occupait ces logements depuis plus de 50 ans», rajoutent les pères de famille.
Mr Bardi n'arrive même pas à trouver les mots pour raconter sa déception. Retraité, tout comme son épouse, il est appelé à quitter le logement où il est né. «J'ai des enfants qui ne comprennent pas qu'on vienne les expulser. La peur de se retrouver à la rue les hante plus que nous, leurs parents», témoigne M. Bardi qui dispose pourtant d'un dossier de demande d'un logement social.
«J'ai même postulé pour la formule AADL, mais on a refusé mon dossier sans me donner la moindre justification. Que dois-je faire pour protéger les miens '» dira-t-il. Mr Boudjema, fils de Ramdane, ancien condamné à mort et non moins artiste peintre qui a eu à esquisser le premier logo de l'UGTA, vit lui aussi la même situation.
«Avec mon épouse et mes deux gosses, on vit désormais aux nouvelles des huissiers de justice et chaque jour apporte avec lui ses peurs et ses craintes de se retrouver sur le trottoir», prélude-t-il. «Je suis retraité et mes conditions ne me permettent pas de louer chez des particuliers. Si mon père a honoré l'emblème national, j'ai fait, moi aussi de même en tant qu'athlète et ce pays nous doit au moins un toit décent», ajoute-t-il.
M. Dadich, lui, occupe avec quatre autres membres de sa famille un logement d'où il devrait être expulsé. «Je ne dispose pas d'assez de moyens pour louer un appartement. Tout le monde sait, ici à Skikda, que le prix moyen de location d'un F3 dépasse les 20 000 DA par mois. C'est un luxe que je ne peux pas me permettre. J'ai un dossier de demande de logement, mais je n'ai jamais figuré sur les listes d'attribution», indique-t-il.
M. Zahi, 75 ans, est appelé, lui aussi, à quitter le logement qu'il occupe depuis 1962. «Je ne dispose que d'une petite retraite ; d'ailleurs, il m'a fallu emprunter de l'argent pour payer l'avocat lors des procès relatifs à l'expulsion. Il ne nous reste qu'à faire appel au wali pour qu'il étudie nos cas et de nous aider à finir nos jours sous un toit», dira M. Zahi.
Les cas cités ne sont qu'une infime partie du malheur que vivent les dizaines de familles qu'on s'apprête à expulser. Ne méritent-ils pas de bénéficier d'un logement tout comme les habitants des bidonvilles et des bâtisses vétustes' Puisse le nouveau wali prendre leur détresse en considération et rendre le sourire à leurs enfants.


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