Algérie

"Nous revendiquons la séparation des pouvoirs"



Ils ont rivalisé de créativité avec des pancartes et des banderoles évocatrices d'un malaise profond qui risque d'hypothéquer l'avenir du pays. Ils réclament "une transition" après le départ des têtes symboles du système.Esplanade de la Grande-Poste, 11h30. Les étudiants sont au rendez-vous pour leur 10e mardi de mobilisation. Et c'est à coups de sifflet que les carrés se mettent en ordre de marche sous le regard vigilant des éléments de sécurité venus délimiter les zones de la marche qui, du reste, s'est déroulée jusqu'à 13h30 sans incident. "L'atelier d'organisation de la marche, institué quatre jours auparavant, a porté ses fruits et, en plus, il y a beaucoup plus d'étudiants que lors du 9e mardi et cela nous conforte dans notre mouvement de ressentir ainsi la motivation des étudiants notamment avec la présence de nos professeurs qui se sont joints à nous en force pour nous prêter main-forte. C'est que l'heure est grave et chacun de nous doit en être plus que jamais conscient", nous ont déclaré les coordonnateurs de la Faculté centrale et ceux des grandes écoles à l'origine de cette initiative. Ils se sont entendus sur des lieux de rencontre dès 9h du matin à la Faculté centrale pour ceux de l'ENSTP, de l'ESSA, de l'ENSV et de la faculté même. Et au lycée Delacroix pour ceux de l'ENSSMAL, de l'ENST, de l'ISI, et au jardin en haut de la Grande-Poste pour ceux de l'ENSA, de l'ENP, de l'Epau, de l'Inelec. Ils sont rejoints par ceux de l'université de droit de Boudouaou, ceux de Koléa, de l'USTHB (Bab Ezzouar) et de l'université de Tipasa. Ensemble pour un "mardi noir de monde", ils ont rivalisé de créativité avec des pancartes et des banderoles évocatrices d'un malaise profond qui risque d'hypothéquer l'avenir du pays. Nous retrouvons alors les irréductibles Mahmoud Hassak de l'université de Boudouaou et Ania Larbi de l'USTHB tour à tour sur l'esplanade de la Grande-Poste et devant le lycée Delacroix aux côtés de leurs camarades scandant des slogans hostiles à Gaïd Salah, à Bedoui et à Bensalah, mais pas seulement.
Les mots d'ordre pour ce "10e acte" sont d'"aller vers la transition" et la "séparation des pouvoirs" en s'adressant directement à Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, le désignant comme celui qui détient, actuellement, le pouvoir. "Nous ne sommes pas dupes, nous savons que c'est l'armée qui commande actuellement, et c'est à elle que nous demandons d'accéder à la volonté populaire parce que cela engage l'avenir du pays." Et c'est en reprenant la citation de Montesquieu, penseur français politique du 18e siècle, qu'ils étayent leur revendication principale. "Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir (l'Esprit des lois)" Très au fait des enjeux actuels et à venir, ils font remarquer que "la Constitution actuelle ne consacre pas le principe de la séparation des pouvoirs", ce qui selon eux, est de leur avis "une grande contradiction avec un Etat de droit".
Ils énumèrent alors les articles 92, 118, 208, 173 et 174 de la Constitution qui concentrent le pouvoir entre les mains du Président et appellent "à changer les choses pour éviter de reproduire le scénario d'un Président despote" en faisant allusion au "règne" de Bouteflika. Aussi, assurent-ils ne jamais baisser les bras tant que les choses ne changent pas.

Nabila Saïdoun


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