Algérie

«Nous passons notre temps à fermer les issues donnant sur l'autre côté de la frontière » Commandement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Souk Ahras



«Nous passons notre temps à fermer les issues donnant sur l'autre côté de la frontière »                                    Commandement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Souk Ahras
Les frontières terrestres connaissent ces derniers mois un mouvement d'insécurité sans précédent principalement dû à la situation politique chez nos voisins libyens. Mais pas seulement ! Les événements en Tunisie ont ouvert de nouveaux couloirs de passage aux produits prisés, surtout le carburant.
Ce qui s'est immédiatement traduit par une recrudescence notable de la contrebande sur la bande frontalière. Pour tenir tête aux lobbies de la contrebande qui écument la région forte de quelque 15 à 120 km de tracés, jamais les gardes-frontières n'ont mobilisé autant de moyens.
C'est du moins ce que laisse déduire le commandant Mourad : «Nos services, y compris les GGF, viennent d'être dotés d'importants moyens supplémentaires aussi bien en matière de transmissions, d'armement, de télécommunications, transport que de moyens humains.» L'effort collectif est l'autre solution sur laquelle l'institution militaire compte s'appuyer pour venir à bout de ce fléau qui gangrène dangereusement l'économie nationale et menace sérieusement la sécurité du pays.
Les 5 brigades d'intervention des gardes-frontières, déjà en place au niveau des trois communes frontalières de Ouled Moumen, El Khdara et Aïn Zana, indique notre source, seront, à ce titre, secondées par des unités spéciales de la Gendarmerie nationale qui n'étaient jusque-là, pas directement impliquées dans la lutte contre la contrebande. Il a même été fait appel à des escadrons, le souci majeur étant de prévenir du trafic d'armes qui n'est pas à écarter. Aussi, ajoute le haut responsable militaire, une autre décision majeure vient d'être prise.
Elle consiste à accélérer tous les programmes se rapportant à la mise en place de nouveaux postes de surveillance et de contrôle.
Initialement prévus pour 2014 et 2015, ces derniers devraient être opérationnels dès 2012. Au regard des statistiques fournies par le responsable de la cellule de communication de la Gendarmerie nationale de Souk Ahras, il y a vraiment de quoi s'inquiéter : 146 affaires de contrebande et 34 personnes arrêtées de janvier à septembre 2011 contre seulement 73 affaires et l'arrestation de 56 personnes durant la même période de 2010. En la matière, ce sont ceux spécialisés dans le trafic de carburant qui ont ravi la vedette à leurs «collègues» versés dans les produits agroalimentaires, le cheptel, la drogue, devenant de plus en plus embarrassant pour l'ensemble des corps constitués.
«La prédominance est certes à la contrebande de gasoil. Mais notre souci majeur est de lutter contre le fléau sous toutes ses formes», a tenu à souligner notre interlocuteur.
Outre les gros moyens dont ils disposent, le changement de procédés et méthodes opératoires auxquels ont, sans cesse, recours les réseaux contrebandiers ne semble pas avoir eu raison de la vigilance de ses éléments. «Nous passons la majeure partie de notre temps à fermer les issues donnant accès à l'autre côté de la frontière, il s'agit de surveiller plus d'une centaine de kilomètres de tracés frontaliers.
«Aussitôt colmatée, une brèche est rouverte pour être de nouveau utilisée», explique le commandant. Les brèches, ce sont de petits sentiers que les contrebandiers utilisent pour faire passer du gasoil à dos d'âne, sur des charrettes, des mobylettes ou carrément transporté à la main, ajoute-t-il. Intensifiées, les embuscades et les souricières tendues à leur encontre a permis de saisir cinq fois plus les quantités de l'année précédente, soit 51 065 litres en 2011 contre 11 818 en 2010 toujours en 9 mois.
Considérant la hausse d'activité ainsi établie à 429%, force est de constater que les frontières de Souk Ahras sont bien «animées», les contrebandiers n'y chôment pas, les services de sécurité aussi.
S'il est rare de tomber sur des contrebandiers qui savent se préserver de tout risque, ces derniers peuvent en revanche tomber nez à nez sur leurs fidèles «acolytes mammifères». Les grisons sont, en effet, l'un des éléments-clés dans le trafic de carburants. Initiés par les contrebandiers aux chemins à suivre, ces bêtes acheminent le plus gros des fuites de gasoil vers leur destination outre-frontières, explique non sans sourire l'officier supérieur. D'ailleurs, poursuit allègrement le commandant Mourad, histoire de se dérider, «de mémoire d'âne, jamais un équidé n'aura été autant sollicité par les contrebandiers». Pour preuve : 105 bêtes saisies en 2011 contre seulement 18 en 2010.


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