Algérie

«Nous ne voterons pas pour des lois contraires à la charia» Neji J'mel. Député Ennahda



«Nous ne voterons pas pour des lois contraires à la charia» Neji J'mel. Député Ennahda
Neji J'mel est député à l'Assemblée constituante (ACT) où il représente la circonscription France-Sud. Il est également membre de la troisième commission au sein de l'ACT relative aux pouvoirs exécutif et législatif et la relation entre les deux, membre de la commission de législation générale. Alors que beaucoup d'islamistes restent très distants avec la presse, lui a accepté de jouer le jeu des questions-réponses avec nous et de nous parler de son parti.
-Rached Ghannouchi a réitéré le renoncement d'Ennahda à introduire la charia comme source de législation. Qu'en pensez-vous '
Ce n'est pas une position nouvelle. Dans notre programme électoral, nous n'avons nullement évoqué l'introduction de la charia dans la Constitution ni parlé de la charia dans son sens réduit, même si dans notre considération, tout ce que nous avons proposé est tiré de la charia. Seulement, dès qu'on a commencé à parler de Constitution, la question a été évoquée : la charia est-elle la source principale des lois ou bien n'est-elle que l'une des sources ' Après débat, c'est vrai que la question a créé la division au sein de la société tunisienne, d'où la décision d'Ennahda, en accord avec la majorité des partis, de nous limiter à citer l'islam dans l'article premier de la Constitution qui affirme que «la Tunisie est un Etat indépendant, sa langue est l'arabe et sa religion l'islam».
-Ne pensez-vous pas que cette décision risque de vous aliéner une partie de votre base '
Je pense que cela n'est pas arrivé. Nous essayons de comprendre et de dialoguer avec la base et avec nos frères qui ont cette exigence, parce que l'important n'est pas dans la terminologie mais dans le fond. Comme promis, tant que nous sommes dans l'Assemblée constituante ou, plus tard, dans l'Assemblée populaire, nous ne voterons pas pour des lois contraires à la charia.
-Le pays traverse une véritable crise sur les plans politique et sécuritaire. N'y a-t-il pas risque de rupture au sein de la société '
Je pense qu'il ne s'agit pas de rupture. Les Tunisiens ne sont pas habitués à discuter de présence d'armes et de faits médiatisés à ce sujet. La circulation d'armes existait peut-être du temps de Bourguiba et de Ben Ali sans que l'information n'arrive aux Tunisiens, je ne sais pas. Mais maintenant, le ministère de l'Intérieur fait en sorte d'informer les citoyens sur la moindre découverte d'armes. Par conséquent, le Tunisien, qui a toujours eu l'esprit tranquille, a peur en découvrant ces histoires, ce qui est naturel et on ne peut lui en vouloir ; mais à mon sens, les autorités sécuritaires jouent leur rôle.
Malheureusement, vous savez qu'en Libye, les armes circulent librement, dans la rue on peut acheter une arme à 100 dinars, ce qui est arrivé aussi hélas à notre s'ur l'Algérie ou encore actuellement au Mali. Tout cela fait qu'aujourd'hui, les frontières tunisiennes sont forcées et les services de sécurité n'arrivent pas encore, hélas, à maîtriser la situation. Ce qui a chargé davantage et compliqué la mission des forces de sécurité, ce sont ces milliers de sit-in et grèves partout. Il y a un autre point difficile à trancher maintenant : nous n'avons pas de données pour savoir si la Tunisie est un pays de transit de ces armes ou bien si elles sont introduites pour y être utilisées. C'est une question pour laquelle je n'ai pas d'éléments de réponse. Pour le moment, ce n'est pas le cas, sauf malheureusement ce qui est arrivé au regretté Chokri Belaïd ; il paraît, je n'en suis pas sûr, que l'arme utilisée avait été volée lors de la révolution.
-Ceci n'empêche pas l'accroissement de la violence de la part d'un groupe parmi les islamistes'
C'est vrai et disons que cette faction appartient aux salafistes, plus précisément les salafistes djihadistes. Je ne me souviens pas, dans notre histoire, de cas de violence de leur part si ce n'est depuis la révolution. Ils ont attaqué l'ambassade américaine, en réagissant comme dans d'autres pays à un film ayant porté atteinte au Prophète (QSSSL). Mais cela ne justifie pas la violence utilisée ni ici ni ailleurs, mais je sais que l'autorité sécuritaire n'a pas ménagé d'efforts pour stopper de tels phénomènes. Et j'insiste pour dire que depuis la révolution, plus de 18 Tunisiens ont été tués par les forces de sécurité et, sur les 18, 15 faisaient partie du courant salafiste, ce qui n'était jamais arrivé même du temps de Ben Ali.
Nous regrettons toute goutte de sang tunisien versée, mais quand on enfreint la loi et qu'on menace la sécurité de la société, l'Etat doit jouer son rôle et stopper cette vague. Nous avons l'espoir que les salafistes comprennent que, comme les autres, la Tunisie ne peut tirer aucun intérêt de la violence, ni celle des armes ni même par la parole. Hélas, ces formes de violence sont présentes actuellement chez nous et s'accroissent. J'espère que c'est juste un effet indésirable post-Révolution qui va disparaître petit à petit.
-Les démocrates reprochent au gouvernement Ennahda de tolérer les agissements des salafistes'
Le Tunisien n'a connu dans son histoire que la manière forte quand il s'agit de traiter des mouvements de courants ou des partis politiques. Aujourd'hui, nous ne pouvons responsabiliser un groupe de faits commis par certains individus. Certaines parties nous poussent à traiter les salafistes à la manière de Ben Ali, mais nous avons refusé et nous refuserons de le faire. Comme je l'ai dit, les forces de sécurité ont mis hors d'état de nuire 15 salafistes ayant menacé la sécurité, mais de là à ce que le gouvernement fasse un pas pour encercler et emprisonner des dizaines, voire des milliers sous prétexte de préserver l'ordre, ce n'est pas notre méthode. Celui qui viole la loi doit rendre des comptes, mais celui qui n'est pas coupable, est libre de son opinion et ses actes, la Révolution le lui garantit.


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