Algérie

"Nous n'avons pas appelé à l'augmentation"



"Nous n'avons pas appelé à augmenter le prix de la baguette pour qu'elle soit vendue à 15 DA, et ce jeudi non plus, il n'y a eu aucun mouvement de grève des boulangers, il y a eu des perturbations de disponibilité de la farine à Tipasa et à Oran." C'est par cette déclaration, qu'il reprendra à maintes reprises, que s'est exprimé le président de l'Anab (Association nationale des artisans boulangers), Fawzi Baïche, lors d'un point de presse animé, dimanche après-midi, à Oran. L'intervenant qui dira se trouver sous pression reconnaît, sans désavouer ses collègues, que certains boulangers ont décidé de manière unilatérale de vendre la baguette de pain à 15 DA : "Je les comprends, et nous ne les abandonnons pas." Il expliquera que ce qui se passe depuis jeudi est le résultat de multiples problèmes exposés depuis plus de 5 ans et qui, à ce jour, n'ont pas été pris en compte par le ministère et les pouvoirs publics qui ont laissé la situation se dégrader. Et de citer à titre illustratif l'augmentation des charges, du prix de la farine, de la levure, le diktat des minotiers et un décret exécutif datant de 1996 fixant le prix du pain soutenu et qui est totalement dépassé, au point où, précisera-t-il, la subvention et le soutien du prix ne profitent plus aux boulangers, ou même aux consommateurs, mais à d'autres intervenants gravitant autour de l'activité des boulangers. En présence d'adhérents, le président de l'Anab répondra encore à ceux qui veulent remettre en cause la représentativité de son association ou ceux qui, dit-il, "d'un problème commercial, l'achat de matières premières et revente du produit fini selon les coûts de revient, en ont fait une affaire politique et sociale". Se faisant l'avocat de tous les boulangers, l'orateur rappellera la crise profonde qui frappe cette activité professionnelle ayant conduit à la disparition de pas moins de 3000 boulangers depuis 2016. "Le boulanger s'est retrouvé seul avec un dossier bloqué depuis 2013 au ministère, et la seule solution trouvée pour continuer à vivre s'est traduite par cette augmentation de 5 DA la baguette". Néanmoins, le président de l'association assure que majoritairement les boulangers continuent de vendre la baguette au prix officiel de 8,50 DA, alors que les consommateurs ont le choix entre différentes qualités et sortes de pain. Aujourd'hui, l'association, qui se défend de vouloir toucher au pouvoir d'achat des consommateurs, attend des pouvoirs publics l'ouverture de vraies négociations pour réviser le décret de 1996, la mise sur le marché de la farine T55 qui ne peut servir que pour le pain, la révision du prix de revient d'une baguette de pain qui, en 2013, était de 13 DA. Deux chiffres ont choqué durant ce point de presse au moment où le président de l'association appelait toutes les parties à assumer leurs responsabilités, à savoir l'Algérie produit quotidiennement 30 millions de baguettes, dont 10 millions sont jetées.D. LOUKIL


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