"Nous n'avons aucune zone industrielle digne de ce nom"

Liberté : L'assainissement du foncier industriel est au centre des débats depuis de nombreuses années à Tizi Ouzou. Qu'en est-il à présent de la situation 'Ferhat Sadoud : À mon avis, hormis les grandes usines qui existent depuis les années 70, nous n'avons aucune zone industrielle ou zone d'activité digne de ce nom à Tizi Ouzou. Il n'y a qu'à voir l'état des anciennes zones industrielles de Draâ El-Mizan et de Tizi Gheniff, créées au tout début des années 80, pour comprendre la situation.
Plus de 30 ans après, ces zones sont à l'état primitif. À ce jour, le travail de l'administration s'est juste limité à affecter et à réaffecter des lots de terrain sur place, sans apporter aucune viabilisation. Pis encore, depuis 2012, nous avons un discours et des décisions populistes de créer des zones industrielles à Souama, à Draâ El-Mizan et à Tizi Gheniff, mais encore là, ces zones sont toujours à l'état de création.
Le projet de la nouvelle zone industrielle de Souama ne voit toujours pas le jour. Pourquoi '
À Souama, la zone a bénéficié de 900 milliards de centimes. Elle fait l'objet d'opposition de la part des propriétaires sous prétexte qu'ils ont un jugement. À ce jour et malgré toutes les propositions de l'APW pour régler la situation des oppositions, l'Etat ne veut toujours pas suivre notre démarche et indemniser les occupants alors que l'argent existe. En 2019, l'APW a même voté une délibération pour l'indemnisation des occupants de cette zone pour pouvoir libérer la zone de la moitié des terres qui font l'objet d'opposition, mais l'administration n'a pas suivi cette démarche.
À Draâ El-Mizan et à Tizi Gheniff, le marché de l'aménagement de ces nouvelles zones est, depuis 8 ans, au niveau de la commission des marchés.
Le foncier industriel bloque-t-il l'investissement à Tizi Ouzou '
Nous avons, à Tizi Ouzou, presque 1 000 projets d'investissement en attente à cause du blocage dans le foncier industriel. Il faut savoir qu'il y a des terrains destinés à l'investissement qui sont détournés de leur vocation ou carrément loués par leurs bénéficiaires. Le plus grave est que certains terrains sont même transformés en promotions immobilières.
Il y a aussi des personnes qui ont bénéficié de terrains alors qu'ils n'ont aucun lien avec l'industrie, et d'autres, capables d'investir et de créer de la richesse, qui sont pénalisés. Je peux même affirmer que seulement 15% des terrains occupés dans ces zones sont exploités normalement.
Que fait l'APW pour débloquer la situation '
Nous avons essayé d'exercer notre pouvoir de contrôle et de délibération pour l'assainissement du foncier industriel et pour l'indemnisation des occupants des terres qui vont recevoir la zone de Souama, ainsi que la création d'une commission chargée du suivi et de l'assainissement du foncier industriel. Cependant, on estime que le problème de l'industrie n'est pas un problème de foncier industriel ou d'oppositions de citoyens, mais plutôt un problème d'ordre bureaucratique.
Il n'y a pas une volonté politique de faire avancer les choses en démocratisant l'acte d'investir au niveau de notre wilaya qui souffre de blocage. La volonté politique ne réside pas dans la création des zones industrielles par décret, mais dans la réalisation de ces zones pour faire bénéficier les citoyens à travers l'investissement.
Entretien réalisé par : K. Tighilt