Algérie

« Nous irons jusqu'au bout de notre action »



Zetoutou Mustapha, chargé de l'organique au sein du syndicat d'entreprise et vice-président du comité des participations de la SNVI, a bien voulu répondre aux questions d'El Watan relatives au mouvement de contestation qui souffle sur la zone industrielle de Rouiba depuis le début de la semaine dernière.   Cela fait plus d'une semaine que vous observez un vaste mouvement de grève. Y a-t-il une issue qui se dessine ' Nous sommes exactement au 7e jour de grève et au 5e jour de manifestation de rue, sans compter les deux jours du week-end. Jusqu'ici, nous n'entrevoyons aucune solution, mais le collectif des travailleurs croit en la justesse de son combat et garde espoir. Ni la centrale syndicale ni les pouvoirs publics n'ont jugé utile d'ouvrir un dialogue serein et constructif. Personne ne nous a contactés. Cependant, le mouvement s'organise et gagne en sympathie chaque jour un peu plus. Nous considérons que la manifestation d'aujourd'hui est une réussite totale. Nous avons mobilisé plus que ces derniers jours, tout se déroule dans le calme et les slogans sont portés par tout le monde.  Ce week-end, l'UGTA a diffusé un communiqué dans lequel elle met en évidence ce qu'elle appelle « les efforts de l'Etat » pour rendre plus performante la SNVI, sous-entendant que votre mouvement n'est pas opportun. Comment réagissez-vous à cette attitude et au contenu du document ' La déclaration de la centrale syndicale est destinée à tromper l'opinion publique. Le collectif des travailleurs n'est pas convaincu de son contenu car elle confond les revendications socioprofessionnelles avec l'assainissement de l'entreprise. Et même sur ce plan, il faut dire que la SNVI n'est pas encore assainie. Il est vrai qu'on a élaboré un plan de redressement interne, qui est passé devant le CPE, mais aucune action concrète n'a encore été entreprise.Obama aide ses banques, General Motors... A l'échelle nationale, il n'y a pas que la SNVI qui ait bénéficié de ces mesures : elles sont 30 à 40 entreprises à faire l'objet d'assainissement. La déclaration évoque également la loi 83/12 relative aux postes spécifiques, dont l'article 7 stipule la possibilité d'achat de 5 années pour permettre aux travailleurs occupant des postes à risque de partir en retraite à l'âge de 55 ans. Mais ils devraient dire que ce texte n'a jamais été mis à exécution. Nous l'avons remis sur la table en 2006, lors des négociations des conventions de branche, mais la direction de la CNR l'a refusé en raison du manque du décret exécutif. Il n'a jamais été appliqué depuis 1983. Pour revenir à la déclaration de jeudi dernier, elle a été faite pour dire à l'opinion publique que ces gens qui font grève ne sont pas sur le droit chemin.  Votre mouvement ne risque-t-il pas de s'essouffler, de céder à l'usure ' Non, il n'y a pas de risque. Les travailleurs sont conscients et déterminés. Cela dit, nous demeurons ouverts au dialogue, même si les pouvoirs publics adoptent apparemment la politique du pourrissement. La mobilisation est chaque jour un peu plus forte. De même que l'organisation. Nous sommes des travailleurs qui revendiquons nos droits pacifiquement. Il faut que les responsables nous écoutent. Nous sommes des gens de dialogue et nous sommes prêts à négocier avec tout le monde : la centrale, la direction, les pouvoirs publics. Nous demeurons optimistes quant à l'aboutissement de notre action. Aujourd'hui, 10 000 à 11 000 travailleurs ont observé le mouvement de grève.  On parle d'un projet de création d'un syndicat autonome. Etes-vous partie prenante ' Non, cela je le démens formellement. L'UGTA, c'est notre syndicat à tous. Il est vrai qu'il y a des divergences entre nous, mais le syndicat nous appartient. On ne va pas le céder. Il y a, certes, un déphasage entre la base et le sommet de l'UGTA, mais nous allons essayer d'y remédier.  Qu'en est-il de l'impact de cette grève sur la SNVI ' La SNVI emploie quelque 7000 travailleurs. Elle fait l'objet d'un plan d'assainissement, mais elle traîne 62 milliards de dinars de dettes et un découvert bancaire de 42 milliards de dinars. L'impact d'une grève ne peut être que très grand. Mais cela touche toute la zone, y compris le secteur privé qui n'arrive pas à vendre ou à recevoir de la matière première depuis plus d'une semaine.


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