- Comment les jeunes entrepreneurs analysent-ils la situation en Tunisie et en Algérie '
La situation est très différente entre les deux pays. Le tissu économique, le partage de la richesse… Des comparaisons seraient hasardeuses même si certains symptômes peuvent être identifiés facilement. Les moins de trente ans représentent plus de 70% des chômeurs.
C’est une source de désespérance. Comment croire en l’avenir lorsqu’on est contraint à l’oisiveté alors que l’on a l’énergie de la jeunesse. Il faut en tout cas que les entreprises et les entrepreneurs créent de l’emploi. La révolution en Tunisie est une réelle opportunité pour le développement humain, démocratique et économique. Mais ce n’est pas seulement la classe politique qui est touchée. Les gouvernances doivent êtres repensées. Cela prendra du temps.
Beaucoup d’entreprises, beaucoup de pratiques doivent être assainies et cela ne se fera pas en quelques semaines. C’est aussi un espace de liberté entrepreneurial qui s’ouvre, une ère de réinvention des modèles de développement.
- L’économie peut-elle jouer un rôle dans l’apaisement des tensions ' Quel peut être le rôle justement des jeunes entrepreneurs '
Oui, indiscutablement, car il n’y aura pas de stabilité politique et de modèles démocratique durables sans croissance. Le nouveau régime qui sera élu devra montrer sa capacité à créer une dynamique positive. L’inverse est vrai aussi... Le nouveau régime a engendré une ouverture économique et les conditions d’une croissance durable et partagée.
Les jeunes entrepreneurs doivent montrer la voie de la création de valeurs, d’emplois, la mise en place de modes de gouvernance intègres. Pour cela, ils doivent se regrouper au sein de réseaux qui dépassent les clivages corporatistes (facteurs de segmentation des intérêts), susceptibles de porter au mieux l’intérêt du pays et plus particulièrement de la jeunesse.
Les élites, les leaders d’opinion, quels qu’ils soient (politiques, journalistes, artistes, etc.), qui sont les bases de notre réseau, seront en première ligne pour montrer l’exemple et entraîner avec eux tout un peuple.
- On a constaté l’absence totale de l’UPM durant ces événements. Pensez-vous que l’Union pour la Méditerranée, dont le secrétaire général vient de démissionner, a encore des raisons d’exister '
Les événements tunisiens et algériens prouvent certainement que les politiques ne doivent pas se détourner de la Méditerranée. Ce qui contribue au rapprochement des deux rives est positif. Mais nous insistons sur le rôle-clé de la société civile. C’est ici même l’ADN du Young Mediterranean Leader Forum.
- Allez-vous adapter votre prochain colloque avec la nouvelle donne politique '
Le thème que nous avions choisi «La construction des modernités méditerranéennes» est au cœur de l’actualité, mais nous allons bien évidemment éclairer le programme différemment en insistant beaucoup sur les événements de Tunisie qui constituent un tournant historique pour la région.
La thématique des modernités rencontre les questions de gouvernance, de liberté, de laïcité, mais aussi de modèle de croissance, de culture. Toutes ces questions résonnent naturellement avec la situation en Tunisie. Parmi les intervenants attendus à Marrakech : MM. Mezouar, Chami et Ackchichine, M. Rashad Hussain, envoyé spécial de Barack Obama, Amel Boubekeur, sociologue, tous susceptibles de nous fournir des pistes d’avenir pour construire les modernités méditerranéennes.
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Posté Le : 27/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rémi Yacine
Source : www.elwatan.com