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«Nous ne sommes pas contre le fait de servir la population en matière de soins, mais devant les difficultés que nous rencontrons dans les contrées éloignées où manque le strict minimum et où la prise en charge des différentes pathologies devient vraiment aléatoire, on s'interroge parfois si notre présence est utile aux malades», s'exprime Amine F., spécialiste en réanimation dans un établissement hospitalier à Oum El Bouaghi. «Devant cette situation, le service civil devient vraiment caduc», poursuit-il.
Côté professionnel, le manque de moyens demeure la principale préoccupation des praticiens, la dernière pour les bureaucrates de l'administration, selon l'expression de notre interlocuteur.
«Figurez-vous que le programme opératoire à Oum El Bouaghi n'est pas appliqué depuis des mois, à cause du manque de consommables, notamment les produits d'anesthésie, ce qui nous oblige à ne prendre en charge que les cas simples, alors que les malades graves sont évacués directement vers le CHU de Constantine», affirme-t-il, citant surtout les cas des parturientes souffrant de complications, alors que le bloc opératoire de la maternité ne dispose même pas de table d'intervention gynécologique. Un autre médecin résident avoue même qu'il n'a pas opéré un seul malade depuis un an. «Je ne comprends pas pourquoi le ministre de la Santé cherche toujours à occulter ces vérités, alors que nous avons saisi à maintes reprises les responsables des établissements de santé, mais sans résultat ; tout ce qu'ils savent faire, c'est de nous gaver de promesses sans lendemain, sachant que nous sommes les premiers à àªtre jugés en cas d'accident», dira un médecin résident à Oum El Bouaghi. Ce dernier ne manquera pas de soulever l'épineux problème du manque d'effectifs devenu chronique, et il est souvent difficile de gérer les urgences. «Faute de personnel, et au lieu de recruter, on nous impose souvent d'assurer jusqu'à dix gardes par mois, dans des conditions inadmissibles, et faute de logements de fonction, on est contraints de faire quotidiennement la navette entre Constantine et Oum El Bouaghi ; les responsables savent bien que nous ne pouvons pas refuser le travail», avouera-t-il.
Des salaires de misère
Réagissant aux dernières déclarations d'Ahmed Ouyahia, lors d'une récente conférence de presse diffusée à la télévision, Abderrezak A., médecin résident ayant exercé à Khenchela, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour fustiger l'hypocrisie des politiciens. «Je défie les autorités de divulguer les fiches de paie des médecins chinois et celles des Cubains exerçant à Djelfa et Khenchela pour que les gens sachent qu'on ne demande pas vraiment grand-chose, alors que nous sommes en droit d'avoir un salaire digne», dénonce-t-il. Et de poursuivre : «De quel droit on privilégie les étrangers aux dépens des nationaux, alors que dans d'autres pays, les médecins locaux sont mieux considérés.»Â Pour Abderrezak, le service civil est devenu une manière aussi de faire pression sur les médecins qui désirent ouvrir leur propre cabinet.
«J'ai passé mon service civil dans une région de Khenchela, éloigné de ma famille, où la situation est vraiment précaire, avec des moyens rudimentaires, et on trouve enfin le prétexte pour prolonger mon séjour et m'obliger d'attendre des mois pour avoir l'autorisation d'exercer pour mon propre compte», regrette-t-il.
La plupart des médecins soutiennent à l'unanimité que l'Etat ne s'est jamais soucié de leur situation, surtout que nombreux parmi eux sont des pères de famille qui exercent dans des contrées éloignées de leur domicile, sans bénéficier ni de logement de fonction ni de regroupement familial. «Finalement, ce ne sont pas les administrateurs qui se préoccupent de la santé des malades, car en cas de problème, on se retrouve seuls face aux canons», conclut Abderrezak.
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Posté Le : 07/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Arslan Selmane
Source : www.elwatan.com