Dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al-Jazeera, Abdelmadjid Tebboune a minimisé l'ampleur du Hirak dont il estime qu'"il ne reste plus que quelques centaines" de manifestants à sortir dans moins de 10 wilayas.Pour le chef de l'Etat, qui s'exprimait pour la première fois sur la chaîne qatarie dont le bureau d'Alger est fermé depuis longtemps, ceux qui continuent de manifester "sont des inconnus" qui n'ont "aucune unité idéologique ou de slogans".
Comme attendu, il loue plutôt le "Hirak authentique, béni", celui a "sauvé l'Algérie de la dégringolade (...) de la déliquescence", allusion à la mobilisation qui a empêché l'accomplissement du cinquième mandat du président déchu. Selon lui, la deuxième manifestation du Hirak, en février 2019, avait drainé quelque "13 millions d'Algériens" dans les rues du pays.
"À l'époque, on se dirigeait vers un 5e mandat. (...) alors que le président était malade et ne gouvernait plus, une bande (...) voulait un 5e mandat, donc 5 ans de plus, pour voler encore", a-t-il rappelé. "Mais, le danger est éloigné", soutient-il en attribuant le mérite "à la conscience du peuple".
Autre indication : Abdelmadjid Tebboune affirme que ceux qui gravitaient autour d'Abdelaziz Bouteflika étaient "pires" que les oligarques, en estimant le nombre des membres de "la bande", qui ont constitué une "cleptocratie", à "une centaine" qui "avaient le monopole" sur le commerce extérieur.
"Ces gens ont détourné, vers l'étranger, des centaines de milliards de dollars", dit-il. Il explique qu'il tient ce chiffre sur la base de l'estimation des Européens qui "ont avancé que la surfacturation a dépassé 30%" lors des opérations d'importations.
"Pour l'heure, les autorités s'attellent à récupérer les fonds détournés, en comptant sur l'aide des amis européens et autres, poursuit-il, dans le but d'identifier les biens détournés et de récupérer une partie de ces avoirs". Au niveau interne, "la justice a récupéré les biens visibles" qui appartenaient aux oligarques emprisonnés, a-t-il précisé.
Interrogé sur le risque de voir les islamistes arriver au pouvoir, le chef de l'Etat a dit "comprendre" que cette crainte "vienne d'un non-musulman". Mais, en Algérie, "l'islam idéologique a disparu et ne reviendra plus jamais", estime-t-il. S'agissant des autres formations islamistes, il assure que "les islamistes, version algérienne, ne sont pas comme ceux des autres pays".
"Tripoli est une ligne rouge"
Au chapitre diplomatique, Abdelmadjid Tebboune a révélé que l'Algérie "était sur le point d'intervenir en Libye" lorsque Tripoli, la capitale, "était menacée par des mercenaires".
Dans ce contexte, il explique l'usage de l'expression de "Tripoli est une ligne rouge" lancée il y a une année. "Nous signifiions que nous n'acceptions pas que Tripoli soit la première capitale africaine et nord-africaine à être occupée par des mercenaires et nous étions prêts à intervenir pour cela, et le message a été reçu par qui de droit", rappelle Abdelmadjid Tebboune. Relancé par le journaliste pour savoir si l'intervention pouvait être militaire, le chef de l'Etat a opté pour l'allusion : "De quelque manière que ce soit".
Aussi, il n'a pas manqué de réitérer l'inquiétude de l'Algérie quant à la situation dans le Sahel. Dans ce cadre, il a dénoncé l'inaction de certains pays dont il a évité de citer les noms. "Il y a des bataillons entiers d'hommes armés, avec des armes lourdes et légères, qui se dirigent vers le Sahel. Tout le monde les a vus, mais personne ne les a arrêtés", a-t-il dénoncé tout en indiquant que cette situation est faite "pour cerner l'Algérie".
Ali BOUKHLEF
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Posté Le : 09/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali BOUKHLEF
Source : www.liberte-algerie.com