Algérie

«Nous étions amis» ou quand l'art se perd 3e Festival international du théâtre à Bejaia



«Nous étions amis» ou quand l'art se perd                                    3e Festival international du théâtre à Bejaia
De notre envoyée spéciale à Bejaia
Wafia Sifouane
Pour le 2e jour du Festival international du théâtre à Bejaia, le public a eu droit à une délicieuse surprise qui n'est qu'un surprenant spectacle de l'association de la culture et les arts Taif de l'Arabie saoudite qui s'est produite vendredi dernier sur les planches de la maison de la culture Taous-Amrouche de Bejaia. Ecrite et mise en scène par Fahd Reda El Harethi, la pièce relate le triste destin de deux amis qui vouaient jadis un amour démesuré pour le théâtre et l'art en général. Très complices avant, Nader et Kaïs s'éloignent l'un de l'autre et ne voient plus dans la même direction. Et pour cause, pendant que Kaïs s'est fait un grand nom dans le domaine du 4ème art mais tout en gardant la tête froide et les idées claires (l'artiste militant vit même en retrait dans son petit théâtre), Nadir a opté pour une carrière brillante dans les médias.L'ancien artiste vit aujourd'hui sous les feux des projecteurs. Mais hélas, sa grande notoriété finira par lui faire oublier sa passion qui est le théâtre et son ami par la même occasion. Lassé, Kaïs décide de vendre le théâtre, l'annonce fait le tour de la ville et attire une bande de jeunes comédiens qui voient en l'art un commerce. L'artiste dans l'âme qui est Kaïs est exaspéré par une telle attitude d'autant plus que Nader lui rend visite suite à la nouvelle. Nostalgique, Nader propose à Kaïs de monter un nouveau spectacle pour faire tourner le théâtre au lieu de mettre la clé sous le paillasson. Enthousiaste, il propose aux jeunes comédiens de monter un spectacle «Hamlet», version absurde, Kaïs en est tout simplement indigné face à une telle facilité à aborder le théâtre. Ces retrouvailles entre les deux anciens amis feront vite jaillir leurs souvenirs communs les confrontant ainsi à la dure réalité qui est que leur complicité d'antan a tout simplement disparu. Les deux hommes ne partagent plus la même vision de l'art. Kaïs est resté égal à lui-même, un personnage amoureux de son art et militant tandis que Nader définit l'art comme un moyen de gain facile quitte à produire des spectacles de qualité médiocre. Le metteur en scène définit la pièce comme «une réflexion sur la vision des intellectuels de nos jours par rapport à la culture dans une société de plus en plus consommatrice». Un sujet qui colle parfaitement à l'actualité vu que la plupart des artistes ont abandonné leurs débats et idées pour se consacrer à de vulgaire calculs d'argent. Première expérience dans la mise en scène, El Harethi a exploré plusieurs styles dans son travail car il s'agit avant tout d'un théâtre expérimental qui lui fallut un véritable travail de recherche. Jouant sur l'originalité, le metteur en scène s'est presque passé d'éclairage et cela en optant pour un projecteur ambulant guidé par le technicien sur scène. Les comédiens ont également eu recours à des lampes torches pour s'éclairer les visages sur scène créant ainsi une ambiance très obscure qui va comme à un gant au texte. « L'histoire est assez dramatique, c'est pour cela que j'ai choisi une ambiance assez obscure», affirme M. El Harethi. Pour la scénographie, elle a été réduite à quelques anciens décors de pièces théâtrales. Par ailleurs, on saluera l'interprétation des comédiens de la pièce qui se sont donnés à fond durant une heure de représentation tout en sachant que le spectacle a été riche en tableaux chorégraphiques.


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