Algérie

"Nous espérons que le pouvoir tire les leçons du référendum"


Dès l'annonce des résultats du référendum portant sur la révision de la Constitution, le Rassemblement pour la culture et la démocratie a été l'un des premiers partis politiques de l'opposition à réagir. Il a non seulement demandé au pouvoir de surseoir au projet de révision constitutionnelle, mais il a aussi invité le pouvoir à engager une période de transition. Membre de la direction du RCD, Ouamar Saoudi réitère les positions de sa formation. Dans cet entretien, il rappelle que le taux de participation annoncé par l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), est "relevé" et rappelle que les propositions de sortie de crise existent sur la scène politique.Liberté : Quelle lecture faites-vous des résultats du référendum du 1er novembre '
Ouamar Saoudi : Les résultats de ce référendum sont le second échec après celui du 12 décembre 2019. Car, dans le fond, la convocation du référendum répondait à l'impératif de légitimer le pouvoir après l'échec de l'élection présidentielle. Parce que dans les faits, la Constitution actuelle peut toujours faire office de loi fondamentale. Il suffit juste de bien l'appliquer. Mais contrairement aux attentes du pouvoir, cette quête de légitimité a produit un résultat inverse : les Algériens ont boudé le scrutin.
Pourtant, les autorités ont mis tous les moyens pour éviter cette situation, à commencer par la création d'associations, la fermeture des médias, la répression, le recyclage de tous les partis du pouvoir et la création d'abcès de fixation sur des sujets comme l'armée. Malgré cela et si on se fie aux chiffres donnés par le pouvoir, il n'y a que 13% des citoyens qui ont voté "oui" avec évidemment tout le poids des membres des corps constitués. La base sociale de ce pouvoir se rétrécit donc comme une peau de chagrin.
Malgré un fort taux d'abstention, les autorités semblent plutôt se vanter d'avoir donné le vrai taux de participation. Selon vous, le pouvoir a-t-il compris le message des Algériens '
Ce n'est pas de gaieté de c?ur que le pouvoir a accepté de donner ces chiffres. S'il n'y avait pas de désaccords au sommet, ils auraient assumé une fraude, comme d'habitude en donnant un taux de participation plus élevé. Mais les responsables ont compris qu'il y avait véritablement un refus de la population d'aller voter. Ce sont les deux paramètres qui ont fait que les autorités ont donné un résultat moins élevé que d'habitude.
Parce qu'en réalité, même 23% est un score relevé. Nous avons déjà mentionné dans le communiqué du parti (le communiqué du RCD rendu public lundi, ndlr) que le taux de participation réel est à un seul chiffre, donc moins de 10%. Donc, pour nous, la seule chose à retenir est que les Algériens ont refusé de participer à ce référendum.
À votre avis, comment va se comporter le pouvoir face à la nouvelle donne '
La question doit être d'abord posée au pouvoir. Nous espérons que les représentants du pouvoir tirent les conséquences des résultats de ce référendum. Ils ont eu déjà deux chances : le 12 décembre 2019 et cette fois-ci. Ils se rendent compte qu'il y a un rejet du pouvoir et de sa démarche. Il faut donc changer de démarche.
Mais ce n'est pas en promulguant cette Constitution ou en organisant un nouveau scrutin qu'on peut changer les choses.
Il faut préparer les conditions pour un véritable retour à la souveraineté populaire, comme on l'a dit dans le parti et dans le PAD, comme le disent la plupart des citoyens engagés dans le Hirak.
Comment allez-vous faire face à la situation '
Nous allons continuer la lutte. Nous avons une ligne, fait des propositions. Actuellement, la balle est dans le camp du pouvoir. La population, elle aussi, reste mobilisée. Nous aiderons à ce qu'une solution pacifique et démocratique voie le jour à travers une transition qui constitue toujours une revendication populaire. Cela doit permettre à ce que dans le pacifisme un pouvoir démocratique succède à un pouvoir illégitime. Il faut qu'il y ait des conditions pour un retour à de vraies élections où les citoyens peuvent s'exprimer à travers les partis politiques, les associations, etc.
Cela nécessite l'ouverture du champ politique, des médias et la garantie de toutes les libertés démocratiques. Il faut également mettre en place une véritable instance indépendante des élections. Nous avons proposé une feuille de route depuis mars 2019. C'est le cas d'autres partis et de regroupements de partis qui disposent de leurs propositions. Il n'est donc pas difficile de trouver un consensus autour de cela.
Propos recueillis par : Ali Boukhlef
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