Mme Muriel Berset Kohen estime que l'Europe doit apporter une réponse adéquate au drame de la migration clandestine. 20% de la population suisse sont issus de l'immigration.Les Algériens ont découvert, ou du moins pris un peu plus conscience de l'ampleur du phénomène de l'émigration clandestine dans la région du Sahel, en constatant l'année dernière l'important flux de migrants nigériens arrivés dans les grandes villes du nord du pays.Une opération de rapatriement en masse de ces migrants vers leur pays d'origine avait suscité des questionnements sur le devenir de ces milliers de personnes en situation de détresse.Une partie de la réponse a été donnée hier par Muriel Berset Kohen, ambassadeur de Suisse en Algérie. Lors d'un point de presse organisé au siège de l'ambassade, Mme Berset Kohen a révélé l'existence d'un programme d'aide à la réinsertion sociale des 3627 migrants nigériens rapatriés d'Algérie depuis l'été 2014. «Depuis mon arrivée en Algérie, j'ai suivi la situation des migrants et en particulier celle des Nigériens que j'ai découverts comme tout le monde l'année dernière dans les rues d'Alger.Et lorsque l'Algérie a accepté de répondre à la demande des autorités nigériennes de rapatrier leurs ressortissants, j'ai vite pensé que mon pays pouvait apporter une contribution utile à leur retour», explique Madame l'ambassadeur en soulignant que le défi de la migration clandestine doit être relevé ensemble par les pays du nord et ceux du sud de la Méditerranée.Ayant déjà un programme d'aide au développement au Niger, la Suisse s'est engagée, avec ce nouveau programme, à apporter aide et soutien aux migrants en situation de vulnérabilité pour leur permettre de monter des activités génératrices de revenus. «Les questions de migration sont discutées entre l'Algérie et la Suisse et, avec la situation des migrants en Méditerranée, il nous paraît évident qu'aux défis qui nous sont posés, il nous faut une réponse commune basée sur la solidarité...L'Algérie, qui a été un pays de transit, devient aujourd'hui une destination pour la migration en provenance des pays du Sahel, elle fait face à une situation nouvelle», note la conférencière en soutenant que son pays, dont 20% de la population est issue de l'immigration, estime que l'Europe doit apporter une réponse adéquate au drame de la migration clandestine.Un réseau exploite les femmes et les enfantsLe programme d'aide aux migrants nigériens consiste, en sus du soutien à la création d'emplois, à apporter un soutien psychosocial aux migrants dont la traversée du désert vers les villes du nord de l'Algérie a été difficile et traumatisante. Ce projet, mis en ?uvre par l'Organisation internationale pour les migrants et financé par le gouvernement suisse à hauteur de 500 000 euros, nécessite un plus grand apport financier. «Nous lançons un appel à tous les partenaires pour participer à ce programme ou de proposer un programme complémentaire. La Suisse a fait un premier pas et j'espère que d'autres suivront», déclare Madame l'ambassadeur suisse.Et à son homologue nigérien, El Hadji Mahamadou Yahaya, présent à la conférence de presse d'ajouter : «Le rapatriement des migrants n'était pas une finalité en soi, l'objectif était de faire en sorte que ces personnes une fois rentrées puissent se réinsérer. Le Croissant- Rouge algérien s'est engagé à convaincre le plus grand nombre de partenaires de nous aider dans ce sens. La Suisse donne l'exemple avec ce programme et nous souhaitons que d'autres viendront accompagner cette opération qui permettra à beaucoup de familles d'avoir un moyen de subsistance.»L'ambassadeur du Niger précise, en marge de la conférence de presse, que chaque famille et chaque individu en route pour le Niger sont appelés à remplir une fiche ou un formulaire au niveau de la représentation consulaire du Niger à Tamanrasset dans lequel ils doivent indiquer la nature du projet ou de l'aide dont ils auront besoin une fois rentrés dans leurs villages. «Il faut savoir que l'opération de rapatriement ne concerne pas les travailleurs nigériens établis en Algérie, elle concerne les femmes et les enfants qui sont souvent exploités par un certain nombre d'individus.Nous avons constaté, dans le centre de regroupement de Boufarik, que des individus arrivaient le soir dans de grosses cylindrées pour ramasser la recette de la mendicité de la journée qu'exercent des femmes accompagnées d'enfants répartis dans les rues d'Alger», explique El Hadji Mahamadou Yahaya en notant que les femmes n'avaient jamais fait partie de l'émigration ordinaire nigérienne. «Il y a un réseau d'exploitation de ces migrants. Ce réseau qui est au Niger a des correspondants nigériens ici en Algérie, et fait en sorte d'utiliser les femmes et les enfants pour amasser de l'argent.C'est pour cela que nous avons demandé aux autorités algériennes de rapatrier nos ressortissants et protéger ces centaines de femmes et d'enfants.» A noter que l'opération de rapatriement continue avec une cadence moins importante que l'année dernière. «Nous en sommes au 16e convoi et sommes passés d'une moyenne de 250 à 350 personnes par voyage à seulement 7 personnes», indique l'ambassadeur nigérien. Sur les 3627 migrants déjà rapatriés, 2230 sont originaires de la région de Zinder : 61% d'hommes, 22% de femmes et 367 enfants. «Ces migrants ont tous été hébergés, restaurés, médicalement assistés, et enregistrés avant de rejoindre leurs villages respectifs», précise-t-il.
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Posté Le : 25/06/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nadjia Bouaricha
Source : www.elwatan.com