La chanteuse guinéo-sierra-léonaise, Sia Tolno, plaide pour l'unité des Africains face à ceux qui veulent «voler» les richesses du continent. Le chant pour Sia Tolno est un engagement complet. «Je ne peux pas me permettre le luxe de faire de la musique pour la musique.»ConstantineDe notre envoyé spécialLa musique est une arme douce qui me permet de passer mes messages importants pour mon continent. Nous pouvons aider l'Afrique avec la musique. Nous et les politiciens utilisons le même instrument : le micro», a confié, dimanche soir, à Constantine, la chanteuse guinéenne qui a connu les affres de la guerre en Sierra Leone où elle vivait avec sa famille. Sia Tolno, grande invitée du 12e Festival international Dimajazz de Constantine, qui se déroule jusqu'au 26 septembre sous un chapiteau au niveau de Zouaghi, est très attachée à l'Afrique.«Nous pouvons changer notre manière de voir les choses en Afrique. Nous avons été forcés d'arrêter les études à cause de la guerre, avons grandi sans nos mamans à la maison. Nous savons tous combien l'Afrique est riche. Il ne faut pas oublier l'essentiel. Il faut se concentrer sur l'essentiel. Ils nous ont mis la guerre dans la tête pour qu'on oublie ce que nous avons», a déclaré Sia Tolno aux journalistes, après un concert riche en sonorités et en émotion. Face au jeune public du Dimajazz, l'artiste a lancé un slogan à trois mots en anglais : «Peace, love and unity» (Paix, amour et unité). «Nous devons reconstruire l'Afrique !» a-t-elle insité, invitant les jeunes à ne pas penser à émigrer en Europe. «Où les gens trouvent déjà des problèmes pour vivre», a-t-elle appuyé.Les chansons de Sia Tolno sont un plaidoyer en faveur de la cause de la femme africaine, de la force des jeunes Africains et des enfants. «J'ai vécu la guerre en Sierra Leone, perdu beaucoup de personnes dans ma vie, perdu également quelque peu mon passé. Je suis une femme triste qui ne savait pas avec qui parler, mais c'est le présent qui compte. Nous avons eu de grands chefs en Afrique qui ont été tués bêtement parce qu'ils avaient vu clair, voulu l'unité africaine.Ceux qui les ont tués sont forts, les Occidentaux, les Américains, les Français. Avec toutes leurs richesses, les Africains sont aveugles. Les autres ne veulent pas que les Africains soient unis. Les Africains unis et forts, ce n'est pas bon pour l'Occident ! Ils nous ont fait croire que nous sommes faibles, mais les Africains ne le sont pas. Ils nous utilisent, nous manipulent», a dénoncé Sia Tolno. Sia Tolno, 39 ans, révélée par Pierre Akendengué du label Lusafrica en 2009, a accompagné l'inoubliable Cesaria Evora dans ses concerts en Europe. Dimanche soir, elle a étalé tout son savoir-faire en s'attaquant à un style très masculin : l'afrobeat ! «L'afrobeat est venu naturellement à moi. C'est la rencontre entre le jazz, le blues et la musique traditionnelle africaine, ça m'arrange !» a soutenu Sia Tolno.Accompagnée de deux choristes, deux guitaristes, d'un saxophoniste, d'un bassiste et d'un batteur, elle a interprété des titres de ses deux derniers albums, African woman et My life. La rythmique accélérée donnée à ces chansons ne cachent pas le sens profond des textes écrits par Sia Tolno dans lesquels elle raconte les malheurs de l'Afrique, forcée de lutter contre les vrais-faux conflits, la propagation des virus, la corruption et la mauvaise gouvernance. En première partie de soirée, le saxophoniste français Sylvain Beuf et son Electric Quartet ont présenté un concert à forte teneur jazzy aux couleurs contemporaines et actuelles (lire article sur www.elwatan.com).
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Posté Le : 23/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com