Algérie

« Nous descendrons dans la rue »



Les employés de l'Entreprise de transport urbain et suburbain (ETUSA) ont mis leur menace à exécution : ils ont levé le pied pour faire aboutir leurs revendications pas encore satisfaites par les instances de la tutelle, le ministère des Transports. Les répercussions n'ont pas tardé : aux alentours de la station El Mokrani, des usagers des bus bleus sont restés là à attendre, alors que d'autres jouaient des coudes pour prendre place dans les taxis. Mêmes scènes de bousculades sur toutes les lignes de l'ETUSA, à Aïn Benian, El Harrach ou encore dans la lointaine Baraki. Un dispositif de la police, « inhabituel », était visible : des instructions ont été données pour obliger les transporteurs privés à « charger » les personnes surprises par le mouvement de grève. Des taxis de Ruisseau sont ainsi « déviés » vers El Biar et des bus, qui habituellement desservent les hauteurs de la capitale, se retrouvent sur les rues d'Alger-Centre. Ces actions de la force publique régleront-ils cette situation de paralysie consécutive au débrayage des agents de la Régie ' Pas si sûr, soutiennent des grévistes. Les revendications restent inchangées : le versement des salaires et subventions de l'entreprise pas encore honorés et la demande de départ du directeur actuel, autant de points qui amèneront les employés à déposer un préavis de grève.Lequel a été « suspendu » après une première prise de langue avec l'inspection du ministère. « Les pouvoirs publics veulent avoir les travailleurs à l'usure », insiste M. Bouteba, secrétaire général du syndicat d'entreprise. Selon lui, la subvention complémentaire qui devait être payée cette année a tardé et le paiement des employés ne s'est fait qu'après un prêt concédé par une banque. C'est la première grève décidée après le débrayage qui remonte aux années 1970. Les employés, cette fois encore, ne semblent pas décidés à reprendre du service de sitôt : « La grève se poursuivra toujours. Ce qui nous intrigue le plus, c'est qu'aucun des responsables de la direction générale de l'entreprise et même du ministère n'a voulu prendre langue avec nous », s'emporte M. Bouteba. Un cran en dessus dans la protestation : « des actions de rue seront menées si, éventuellement, on ne résout pas les problèmes dans l'immédiat. » A la direction générale de l'ETUSA, on préfère ne pas trop s'exprimer. Le directeur général de l'entreprise n'a pas « voulu » répondre aux sollicitations. Au ministère des Transports, on a préféré également nous diriger vers les instances de la Régie. Selon le directeur des ressources humaines (DRH), le ministère est « prêt » à donner les subventions, mais qui « n'arrivent toujours pas ». Il ne s'explique pourtant pas cette situation mais affirmera que le décret portant sur les subventions de l'Etusa n'a pas été signé, « d'après des échos qu'il a eus ». Des estimations ont été faites par un bureau d'études du ministère et porteront la subvention à 54 milliards de centimes, alors que l'entreprise l'a évaluée à 44 milliards. « Aucune d'elles n'est prise en compte », estime-t-il. Interrogé sur le directeur, « qui ne fait pas l'unanimité parmi ses subordonnés », il dira que n'importe quel responsable à son poste ne peut gérer convenablement l'entreprise s'il n'a pas les moyens financiers nécessaires.L'ETUSA emploie quelque 2080 employés, dont 400 sont toujours contractuels, « recrutés depuis 3 ans ». La société assure 54 lignes et transporte plus de 100 000 voyageurs par jour. « La recette d'une seule journée est de 150 millions de centimes », atteste M. Bouteba.


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