Algérie

«Nous couperons l'accès aux réfugiés si l'exclusion de nos jeunes continue»



-Les habitants de Benguerdane ont exprimé leur colère contre les ONG onusiennes et humanitaires qui interviennent dans la prise en charge des réfugiés. Quels sont les motifs de cette réaction ' Lorsque les premiers contingents de refugiés ont franchi le poste de Ras Jdir, c’est la population de Benguerdane qui leur a assuré la prise en charge, avec l’Armée, bien sûr. Elle a organisé la collecte des dons et des aides financières, ouvert les salles des fêtes et tous les espaces privés et publics pour héberger et nourrir un flux de 12 000 à 12 500 personnes par jour. Nuit et jour, durant deux semaines, nous ne dormions pas et personne parmi les membres du Croissant-Rouge tunisien,  la Croix Rouge, l’ONU, etc., ne nous a soutenus. -N’y a-t-il pas eu d’aide de la part de ces ONG ' Pas du tout. Nous étions seuls sur le terrain. Le HCR a balancé les tentes et il est parti. Ce sont nos jeunes qui les ont installées. De la région de Kef jusqu’à Ras Jdir, tous les citoyens ont participé à la collecte des aides qui portaient le drapeau tunisien seulement. Ces efforts sont devenus aujourd’hui le monopole de certaines associations et ONG, qui également ont fait main basse sur les opérations de recrutement. Nous avons même vu une association, appelée Rahma, créée en l’espace de quelques jours par des gens reliés au parti dissous, RCD, avec la complicité du maire. Nous refusons que la solidarité soit utilisée à d’autres fins, ou qu’il y ait une exploitation de nos jeunes. Notre commune compte 80 000 habitants, parmi lesquels 35 000 sont des chômeurs. Nous avons fait la prison pour que nos enfants puissent trouver du travail et non pas être exploités… -Certains véhicules des ONG onusiennes ont été caillassés par les jeunes de la ville. Que revendiquent-ils selon vous ' C’est leur manière d’exprimer leur colère. Ils protestaient contre ces organismes qui recrutent leurs ouvriers de Zarziz (80 km), de Mednine (110 km) et de Tunis (650 km), alors que nos jeunes sont là à ne rien faire. Même les véhicules de location et les chauffeurs sont ramenés d’ailleurs. Le nettoyage des ordures, le gardiennage, toutes les tâches sont données à des gens extérieurs à Benguerdane.C’est vraiment injuste. Une association de bienfaisance et de solidarité avec Benguerdane est venue travailler quelques jours, puis elle est repartie en emportant une partie des aides collectées au profit des réfugiés. Nous voulons que ces pratiques cessent. Benguerdane vit l’enfer depuis le mois d’août dernier. C’est ici que la révolution a commencé, après que des jeunes aient brûlé des véhicules de police. La ville a été assiégée par des milliers de policiers, mais personne n’en a fait état. Il y a des gens qui attisent les animosités entre les arch (tribus) de Ouled Kbir, Zarzis et Benguerdane, pour retomber dans les violences intercommunautaires de 1990. Nous refusons de tomber dans ce piège. Nous voulons juste attirer l’attention des responsables sur la gravité de la situation, qui dans le cas où elle persiste, va engendrer une explosion populaire. La ville vivait du pâturage et des échanges avec la Libye. Aujourd’hui, les terres sont occupées par les réfugiés, et le trafic avec la Libye est totalement à l’arrêt. De quoi vont vivre nos enfants ' Nous aurions aimé que les postes de travail fournis par les ONG soient donnés aux locaux. Cela n’est pas le cas. Ils ont été totalement exclus par le maire et son entourage. Notre commune est celle qui donne le plus d’impôts au pays, mais reste la plus pauvre. Si les choses n’évoluent pas, nous allons couper carrément la route à toutes les ONG et associations. Trouvez-vous normal que je n’ai pas pu trouver un emploi depuis 15 jours, alors que des ONG comme les Croissants-Rouges qatari, émirati, la Croix-Rouge, le Comité international de la Croix-Rouge, l’OMI, l’Unicef, l’Unifem et les autres ont recruté des dizaines de jeunes venus d’ailleurs ' C’est injuste et inacceptable.


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