Algérie

«Nous avons une administration qui n'est pas orientée objectifs»



«Nous avons une administration qui n'est pas orientée objectifs»
Dans cet entretien, Ali Harbi, consultant en management et membre du cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), estime qu'il y a lieu de mettre en place les mécanismes de contrôle nécessaires. Un contrôle qui s'impose pour réussir les projets contenus dans le plan d'action du gouvernement que l'expert juge riche en annonces mais pas clair en termes de mode de gouvernance et de méthodologies de mise en ?uvre.-Comment évaluez-vous le plan d'action du gouvernement présenté devant les députés 'C'est un plan quantitatif. On voit dans ce plan des chiffres ambitieux auxquels tout le monde ne peut qu'adhérer évidemment. Il manque, comme il a manqué aux plans précédents, le comment. Le gouvernement ne nous précise pas quels sont les modes de gouvernance, la manière avec laquelle sera mené ce plan et les méthodologies qui vont être appliquées pour réaliser ces objectifs sachant que pour les deux premiers plans quinquennaux les objectifs n'ont pas été atteints. Cela veut dire qu'on répète apparemment les mêmes erreurs qui consistent à afficher de grands chiffres et finir par ne pas les réaliser ou le faire au double de leur coût.-Pour l'application de ce plan, le gouvernement prône la rigueur budgétaire. Comment opérer et concilier entre les dépenses et l'application du plan 'La manière de concilier entre l'application des programmes et la rigueur budgétaire est dans une meilleure maîtrise des processus de réalisation, c'est-à-dire à la fois les procédures de passation des marchés, le contrôle interne et le choix des acteurs (les personnes en charge de la réalisation) et le rôle des différentes institutions. Dans ce cas, on voit bien que, souvent, on opère dans la précipitation et on ne précise pas les mécanismes opératoires, et donc au final les opérations sont plus chères. Oui, il faut plus de rigueur, mais pas de la rigueur budgétaire. La rigueur doit se manifester beaucoup plus dans le contrôle. -Sur quels facteurs y a-t-il lieu de jouer dans ce cadre 'Il y a lieu de donner plus de liberté de man?uvre aux différents niveaux d'exécution, tout en créant des institutions de contrôle adéquates. Quand on parle de contrôle, il s'agit surtout de contrôle interne. Il est très important que l'on puisse avoir une démarche participative, c'est-à-dire associer l'ensemble des acteurs (le privé, la société civile?) et consulter les professionnels. Par exemple, il y a certains textes de loi qui sont produits sans avoir consulté les professionnels, alors que si on le fait il va y avoir des économies puisque les textes seront plus proches de la réalité. Je crois qu'il y a une démarche du contrôle interne des institutions de l'Etat à suivre.Pour le moment, nous avons un contrôle beaucoup plus coercitif qui va plus vers des procédures pénales. On est encore dans le cas de la pénalisation de l'acte de gestion, alors que le contrôle dont on parle n'est pas à caractère pénal. C'est dans le contrôle des résultats qu'il y a lieu d'intervenir. Or, nous avons encore une administration qui n'est pas orientée objectifs et résultats, mais orientée vers la consommation. Donc, on ne peut pas avoir des résultats en dehors de la consommation. J'insiste encore une fois, il est important d'adopter une approche participative dans la définition des méthodologies de réalisation.-Justement, dans les discours, la nécessité d'impliquer les professionnels est toujours relevée?Sur le terrain, on ne voit pas cette volonté parce que le mécanisme de prise de décision n'est pas encore très clair en Algérie. Il y a un problème de transparence au niveau gouvernemental. Si vous prenez le cas de la dernière année du précédent plan, il y a eu beaucoup de concertations, des groupes de travail, des tripartites, des réunions? Mais après, rien. On se retrouve avec beaucoup de recommandations que le gouvernement ne prend pas en charge. On voit bien que le maillon manquant est : le gouvernement est-il capable de s'engager sur les résultats de la concertation '-Quels sont les risques si l'on ne met pas en place ce maillon manquant 'Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Le risque, c'est que l'on rate encore ce quinquennat. Dans ce cas, on va se rapprocher des échéances qui feront que nos capacités d'exportation d'hydrocarbures iront en s'amenuisant et, donc, nous nous rapprocherons de la date fatidique où nous n'aurons plus de recettes pour engager des plans de développement de cette envergure. Il ne faudrait pas encore rater les cinq années à venir. J'espère que les pouvoirs publics vont être à l'écoute des remarques des différents acteurs. Car, sur le plan du discours, il n'y a rien à dire. Le quoi et le combien, on l'a compris. Expliquez-nous sur le comment.




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