Le téléphone portable est un objet de tous les jours. Des milliards de personnes l'utilisent presque en continu.Les smartphones ont augmenté «la dépendance» à cet outil de communication qui, paradoxalement, isole ses utilisateurs sans qu'ils se rendent compte. Pire. Cet appareil, «qui ne ment pas», met à nu les secrets les plus et les mieux cachés. C'est l'idée explorée avec finesse par l'Italien Paolo Genovese dans Perfetti sconosciuti (Des inconnus parfaits), en compétition officielle au 38e Festival international du film du Caire, qui se déroule jusqu'au 24 novembre.Jeudi soir, le public de la grande salle de l'Opéra du Caire a beaucoup ri et applaudi cette comédie dramatique à la tonalité fraîche et frontale. Tout se déroule un soir d'éclipse lunaire dans un appartement, où un groupe d'amis se retrouve pour un dîner quelque part dans une ville.Peppe (Giuseppe Battiston), Rocco (Marco Giallini), Eva (la Polonaise Kasia Smutniak), Carlotta (Anna Foglietta), Bianca (Alba Rohrwacher), Cosimo (Edoardo Leo), Bruno (Tommaso Tatafiore) et Lele (Valerio Mstandrea) discutent de tout et de rien. Ils parlent de la nouvelle technique de production des vins, des amours, du football, de la vie conjugale, des enfants, du parcours professionnel. L'ambiance est joviale. Mais quand Carlotta propose de poser les téléphones portables sur la table, lire les SMS et écouter les appels en haut-parleur, tout change, mais doucement.Les mobiles, véritables boîtes noires personnelles, dévoilent les côtés sombres de chaque personne. Les invités oublient le dîner. Des petites vérités sont dites, révélées. C'est le choc, la consternation, la joie, la tristesse, la mélancolie, la douleur, le coming out, le dévoilement, la fin du rêve, la cassure'en une seule soirée.La nuit s'étire en longueur et la lune retrouve son éclat. L'éclipse est un moment temporaire qui efface «la face cachée» du satellite de la Terre qui vole la lumière au Soleil. Le film de Paolo Genovese est plein de poésie. Sa philosophie ' «Nous avons tous trois vies. Une publique. Une privée. Et, une secrète», est-il souligné dès le début du film. Cinq scénaristes se sont retrouvés pour écrire ce long métrage étonnant, à savoir, Filippo Bologna, Paolo Costella, Paolo Mammini, Rolando Ravello et Paolo Genovese. Pour échapper à la sensation du théâtre filmé, Paolo Genovese, qui en est à son dixième long métrage, s'est basé sur l'excellent montage de Consuelo Catucci, qui a donné du rythme et de la fluidité au récit malgré la densité des dialogues.L'échange entre protagonistes est vivace. Des inconnus parfaits critique l'époque du tout digital et du tout virtuel, évoque les faussetés qui peuvent enrober les rapports humains et dévoile les couleurs superficielles qui couvrent souvent les amours. Le film de Paolo Genovese dit haut et fort ce que beaucoup de gens disent tout bas. Le téléphone portable est un bel instrument, mais qui peut devenir, à tout moment, un ennemi redoutable parce que des humains ont décidé de mettre leur vie dedans ! D'où la scène comique du selfie dans le film réalisé sur le balcon. Le balcon est l'espace où l'on respire, où l'on fume une cigarette et d'où l'on regarde le monde alentour, les rues en-bas et les oiseaux qui passent?
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Posté Le : 19/11/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com