Algérie

« Nous avons rejoint le monde des humains »



« Nous avons rejoint le monde des humains »
Tant attendue par les Algérois, l'opération de relogement de familles habitant les bidonvilles a été entamée hier. C'est la cité des 3.216 logements (Chaâbia), dans la commune d'Ouled Chebel, qui a accueilli, dans une ambiance festive, 505 familles issues des bidonvilles de la circonscription administrative de Zéralda, 302 de Birtouta, 193 des baraques « Deffous 2 » de Chéraga, 34 de Magharia (Hussein Dey), 5 de Draria et 50 occupant le stade de Birkhadem, selon les détails fournis par l'OPGI. L'entrée de la cité a été, hier, depuis 5 heures du matin, sujette à un encombrement monstre. Quelque 2.000 camions ont assuré le déménagement de ces familles. La wilaya d'Alger a consacré également quelque 50 bus pour le transport des familles et 4.000 agents pour les opérations de chargement et de déchargement. Les nouveaux relogés ne trouvent pas de mots pour exprimer leur bonheur. Les hommes, plus pudiques, laissent les femmes exprimer bruyamment leur joie. Les enfants, pour qui des aires de jeux ont été aménagées, ont découvert leur nouvel environnement. La joie des femmes est indescriptible. La majorité ont découvert, pour la première fois, les commodités de la vie urbaine, à savoir l'eau courante, l'électricité, le marbre et le carrelage. Certaines sont fascinées par les cuisines tapissées d'une belle faïence. « Fini la misère, fini la cohabitation avec les rats, enfin, nous avons rejoint le monde des humains », confie une femme qui n'arrivait pas à contenir son émotion. La nouvelle cité de Chaâbia est dotée de toutes les commodités (espaces verts, terrains de sport, marchés, centre de soins, écoles, annexes administratives...). Elle sera totalement occupée, d'ici vendredi prochain, à travers plusieurs opérations de relogement.Délivrance« Nous avons souffert durant de longues années mais aujourd'hui c'est la délivrance pour nous », soutient Brahim de Bir Mourad Raïs. Il se dit heureux du logement qu'on lui a attribué au centre de la cité. « Je n'ai jamais rêvé d'habiter un F3. Je me sens renaître une seconde fois », s'exprime-t-il. Une mère de famille lance : « C'est le plus beau jour de ma vie. Faire grandir mes enfants dans un bidonville n'est pas chose aisée », dira-t-elle les larmes aux yeux. « Je pense déjà à l'hiver et au bonheur de voir la pluie tomber tout en étant à l'abri. J'adore regarder la pluie, mais dans un bidonville, c'est l'enfer », déplore une jeune fille. Malgré une nuit blanche passée à se préparer au déménagement et les bousculades au bureau de l'OPGI pour récupérer les clefs et faire d'éventuelles réclamations, les locataires ont laissé libre cours à leur joie d'avoir pu obtenir de l'Etat un logement « décent », leur permettant de dire « adieu à l'habitat précaire ». Interrogé sur d'éventuels recours, un responsable de l'OPGI indique que « tous les recours enregistrés sont liés au changement de bâtiment ou d'étage ».Le wali rassure« Le relogement concerne en priorité les familles dont les baraques sont proches de la cité et des milieux urbains. Il concerne aussi celles qui occupent des terrains destinés à des projets en souffrance comme le logement à Oued Chebel, la ligne ferroviaire Birtouta-Zéralda, le stade de Birkhadem et le lycée d'El Hamiz », rappelle le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, lors d'une conférence sur site. Il réaffirme que les familles concernées par le relogement sont celles habitant dans des immeubles vétustes qui menacent ruines, des bidonvilles, des chalets ainsi que celles souffrant de la promiscuité ou occupant des caves ou des terrasses d'immeuble. Par ailleurs, Zoukh précise que les opérations de relogement se poursuivront après le Ramadhan parallèlement à la réception progressive de projets de logements dotés de toutes les infrastructures à raison d'une opération tous les deux mois. Afin de rassurer les demandeurs, le wali d'Alger insiste sur le fait que tout le monde sera relogé. « Je ne ferme pas l'?il lorsqu'il pleut. Je pense souvent à cette catégorie de la société. Rassurez-vous, je travaille sous pression et je fais subir la même pression aux autres. Nous avons une responsabilité devant Dieu », estime-t-il.




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