Algérie

«Nous avons les mains liées, notre rôle se limite à élaborer des recours»



«Nous avons les mains liées, notre rôle se limite à élaborer des recours»
Pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie, le pouvoir a mis en place une Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL) indépendante de l'Exécutif.
Une commission composée uniquement de partis politiques et présidée par un membre d'un parti de l'opposition, Ahd 54. Ce nouveau procédé se veut, selon le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, un engagement du pouvoir à faire du scrutin du 10 mai une leçon de démocratie.
Seulement depuis son installation le 1er février dernier par Ould Kablia, le président de la CNSEL, Mohamed Seddiki, ne cesse de dénoncer le mépris et l'indifférence de l'administration à l'égard de cette commission. Il a déploré dans ce sens le manque de moyens et les obstacles qui entravent l'accomplissement des missions qui lui sont dévolues. Initialement, la commission devait avoir pour attributions le suivi et le contrôle des opérations électorales, et la neutralité des agents en charge de ces opérations, mais sur le terrain, il est fort de constater que ses prérogatives se limitent à faire des constats sur le déroulement de l'opération électorale.
«nos doléances sont restées lettre morte»

Les véritables pouvoirs sont entre les mains de la Commission de supervision des élections, constituée de magistrats désignés par le pouvoir. «Nous avons les mains liées, notre rôle se limite à élaborer des recours que nous transmettons à la Commission de supervision des élections législatives. Aussi, nous avons constaté que la majorité de nos doléances sont restées lettre morte car, à notre avis, la commission des magistrats ne jouit pas de toute sa liberté», regrette M. Seddiki. Pourtant, rappelle le président de la CNSEL, l'ensemble des sujets posés par la commission avaient trait à des aspects importants des élections, notamment l'inscription en bloc des militaires sur le fichier électoral en dehors du délai légal, l'utilisation des biens de l'Etat par les ministres candidats, l'usage de la religion dans les discours politiques, bulletin unique.
Pas plus tard qu'hier, la commission s'est élevée contre le comportement de Harraoubia qui poursuit toujours sa campagne électorale, bafouant au passage les lois de la République. «Nous avons saisi à ce sujet la Commission de supervision des élections et c'est à elle que revient le droit de rappeler à l'ordre ce ministre qui se croit au-dessus de la loi», se révolte Seddiki, ajoutant que la commission se penche actuellement sur la plainte de 32 partis de différentes obédiences qui menacent de se retirer de la course aux législatives dans la wilaya d'El Oued, et ce, en raison de la fraude qui a eu lieu au niveau des bureaux itinérants, en faveur des partis au pouvoir : «Les plaignants disent avoir des photos prises avec leurs portables. Nous attendons que l'on nous ramène ces preuves pour pouvoir saisir la Commission de supervision des élections», affirme M. Seddiki.
Au total, nous dira-t-il, la commission a recensé 720 recours, aucun point, de l'avis de M. Seddiki, n'a été pris en charge par le gouvernement. «Pour chacune de nos doléances, le ministre de l'Intérieur avance des arguments qui ne sont pas convaincants», déplore notre interlocuteur. Depuis sa création, la commission Seddiki a gelé à trois reprises ses travaux et saisi deux fois par écrit le président de la République. Mais le pouvoir, via le ministère de l'Intérieur, est resté imperturbable et la commission n'a reçu aucune réponse du premier magistrat du pays. La commission Seddiki a réussi un exploit, celui d'avoir occupé la scène médiatique'




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