Algérie

Nous avons été arrêtés à 30 kilomètres du Caire'



Nous avons été arrêtés à 30 kilomètres du Caire'
  Vous avez participé au mouvement « Gaza Freedom March », une coalition internationale qui souhaitait réunir, fin décembre, des milliers de volontaires, à la fois à la frontière égyptienne et au check-point israélien de Erez pour dire non au blocus de Ghaza. Racontez-nous' Ce mouvement, initié au départ par les Américains, a réuni des militants de plusieurs pays : des Américains, des Français, des Italiens, des Japonais, des Sud-Africains' En ce qui me concerne, c'est avec le comité de quartier du XXe arrondissement de Paris que je suis partie le 25 décembre pour Le Caire. Nous devions ensuite rejoindre, par bus, Al Arish, à 40 kilomètres du terminal de Rafah. Mais l'accord, que les organisateurs avaient eu avec les Egyptiens, n'a pas tenu et nous avons été arrêtés à trente kilomètres du Caire.  Vous avez alors décidé de mener des actions sur place, dans la capitale' Oui. Environ 300 personnes ont installé des tentes sur le trottoir devant l'ambassade de France. Le 31, toutes les délégations s'étaient donné rendez-vous devant le musée du Caire pour l'occuper, mais ceux qui ont réussi à entrer se sont faits immédiatement sortir par la police. Du coup, nous avons tenu un rassemblement à cinquante mètres du musée, avec prise de parole, distribution d'affiches, etc., de 10h à 17h. Pendant la nuit, il y a également eu un rassemblement de 300 personnes avec des bougies sur une place de la capitale, comparable à la place des Martyrs. Et puis le 1er janvier, 400 personnes ont réussi à tenir un rassemblement d'une heure ou deux devant l'ambassade d'Israël, une chose impensable, car c'est l'endroit le plus surveillé ! Suzanne Moubarak a demandé à ce qu'une centaine de personnes soient autorisées à se rendre à Ghaza ' elles y sont restées trois jours ' mais les quelques militants qui ont essayé de reprendre le bus, de manière individuelle, en se faisant passer pour des touristes, ont été refoulés au Caire.  Les Egyptiens se sont-ils montrés solidaires du mouvement ' C'est un peu compliqué car les Egyptiens d'Al Arish ne sont pas les Egyptiens d'Assouan. Il y a ceux qui, influencés par le discours diabolisateur de la télé sur le Hamas, trouvent qu'il est plus ou moins légitime que le gouvernement les défende. Mais à Al Arish, il faut savoir que les habitants sont sortis dans rue et les manifestations ont été réprimées ! En fait, quand on creuse, on s'aperçoit que la réalité du peuple égyptien est la même que celle des peuples arabes, ils sont solidaires avec les Palestiniens. Lors des rassemblements au Caire, ils étaient nombreux à manifester leur solidarité par des coups de klaxon !  Quel message avez-vous fait passer ' Nous avons pu dire, et ce n'est pas passé inaperçu, qu'un an après l'agression israélienne du 27 décembre, la population de Ghaza, qui était déjà prise en otage, l'est toujours. Que cette réalité n'a pas changé. Au moment où la communauté internationale dénonce le Hamas, nous avons aussi voulu dire que les Ghazaouis sont d'abord otages des Israéliens ' je tiens à le souligner, d'autant que les militants mobilisés, comme moi, n'adhèrent pas du tout au projet du Hamas. Et que les Egyptiens sont en train de construire un mur sans qu'aucun pays arabe ne proteste ! La question palestinienne n'est pas seulement une question israélo-palestinienne.  Comment avez-vous vécu cette expérience ' Aujourd'hui, alors que tous les idéaux semblent brisés, ce mouvement a montré qu'il y a encore des gens qui continuent à croire aux droits humains. Et que cette question des droits humains va au-delà du nationalisme arabo-musulman. D'ailleurs, la majorité des militants, de 18 à 78 ans, n'étaient pas musulmans. Ils étaient athées, chrétiens, laïques ou juifs'


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