Algérie

Noureddine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz 'Nous ne sommes pas à l'abri des délestages'


Noureddine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz                                    'Nous ne sommes pas à l'abri des délestages'
Les coupures d'électricité pourraient se produire d'ici à fin 2011 et au courant de l'année 2012.
Le spectre des délestages plane toujours sur les six millions d'abonnés que compte la compagnie nationale d'électricité. C'est ce qui ressort des réponses du P-DG de Sonelgaz. 'L'Algérie n'est pas à l'abri des délestages', a laissé entendre Noureddine Bouterfa lors de la conférence de presse organisée hier, à Alger, à l'occasion de la présentation du rapport d'activités et des comptes de gestion consolidés de 2010 des sociétés du groupe Sonelgaz. Ce qui veut dire que les coupures d'électricité pourraient se produire d'ici à fin 2011 et au courant de l'année 2012. Ce qui semble paradoxal quand on sait l'importance des investissements de Sonelgaz engagés dans le développement des moyens de production, la réhabilitation et le renforcement des réseaux de transport et de distribution. Cette insuffisante maîtrise de la distribution est enfin reconnue par Sonelgaz. Mais cette défaillance est imputée à la bureaucratie.
Pas d'augmentation des prix de l'électricité au cours des cinq prochaines années
'Ce n'est pas une question de moyens de production mais un problème de distribution', a-t-il expliqué. Noureddine Bouterfa citera particulièrement Alger touchée l'été dernier par des delestages. 'Alger est en retard dans la construction d'équipements permettant de renforcer son réseau de distribution. À cause d'un problème foncier, les assiettes de terrain ne sont pas mises à la disposition de SDA, la Société de distribution d'Alger, la filiale de Sonelgaz, pour renforcer son réseau', précise le P-DG de Sonelgaz.
Concernant les tarifs, il a de nouveau souligné que les prix de l'électricité ne seront pas augmentés au cours des cinq prochaines années. L'état garantit le financement des investissements de Sonelgaz au cours de cette période. Ce gel des tarifs en contexte d'investissements massifs engagés par Sonelgaz a aggravé sa situation financière.
L'endettement à court terme
Un goulot d'étranglement pour Sonelgaz. La persistance des difficultés de mobilisation des ressources financières, dont Sonelgaz a besoin en permanence, la maintient dans une situation de destructuration financière qui continue de générer la même situation de déficit que celle qui existait à fin 2009. En 2010, le recours à l'endettement à court terme a généré un déficit du groupe Sonelgaz de 41 milliards de dinars.
Selon son P-DG, le recours à l'endettement demeure massif en raison de la persistance de la fragilité financière du groupe puisque sur les 94 milliards de dinars d'endettement nouveau mobilisé, 64,6 milliards de dinars représentent une dette à court terme (découvert bancaire).
Le financement du developpement des sociétés du groupe Sonelgaz par le recours à des endettements de court terme ne manquera pas d'aggraver son déséquilibre financier. Pour l'année dernière, le montant investi s'élève à 240 milliards de dinars, en baisse de 2% par rapport à 2009.
Selon le bilan 2010 de l'entreprise, les dépenses d'investissement des sociétés des métiers de base du groupe (hors filiales périphériques et travaux) sont de l'ordre de 237,5 milliards de dinars. Réalisé en grande partie grâce à des crédits bancaires, ce volume d'investissement qui reste très élevé résulte de 'l'importance des programmes de développement en matière de production d'électricité, de transport et de distribution de l'électricité et du gaz'. Pour sa part, le financement accordé à la production de l'électricité (SPE et des participations) représente 61,5 milliards de dinars, soit 26% du total des investissements de l'exercice.
Quant à la société gestionnaire du réseau de transport d'électricité (Grte), elle a réalisé des investissements de l'ordre de 64,9 milliards de dinars, soit 27% du total des investissements, pour mieux développer le réseau haute tension (HT). La société gestionnaire du réseau de transport du gaz (Grtg) a investi un montant de 56,7 milliards de dinars, soit 24% des investissements engagés par le groupe.
Une évolution de 25% est à relever par rapport à 2009 vu la montée en cadence de la réalisation du programme de distribution publique de gaz. De leur côté, les sociétés de distribution de l'électricité et du gaz de l'Est, de l'Ouest, du Centre et d'Alger ont investi pour un montant de 54,4 milliards de dinars, soit 23% du total des investissements. Une forte évolution de 32% est signalée par rapport à l'année 2009 eu égard à l'augmentation des dépenses des programmes publics d'électrification rurale et des dépenses des programmes gaz, pour un montant de 14,4 milliards de dinars.
Le groupe continue donc d'investir des sommes importantes qui dépassent de loin ses possibilités limitées depuis maintenant six années par le gel des tarifs de vente de l'énergie électrique et gazière.
C'est dans l'optique d'un règlement structurel de la situation financière du groupe, a précisé le P-DG, que 'les pouvoirs publics seront une nouvelle fois sollicités pour la mise en 'uvre de solutions durables, procéder au règlement, de façon pérenne, des conditions de fonctionnement du groupe en levant la contrainte financière qui agit comme un goulot d'étranglement dans la poursuite des axes de développement'. 'Nous travaillons sur des programmes et nous ne voulons pas être confrontés chaque année aux négociations avec le ministère des Finances', a-t-il indiqué, en ajoutant que le groupe a affaire aux banques. Pour rétablir donc l'équilibre structurel de l'entreprise, le P-DG du groupe estime nécessaire pour les pouvoirs publics de prendre de nouvelles mesures financières comme l'établissement d'un statut fiscal spécifique au groupe Sonelgaz.
En effet, le déficit précompte TVA pose des problèmes au groupe. Alors que le groupe paye 17% de TVA, le client lui paye 7%, ce qui pose un problème de remboursement .
Il n'y a pas que la TVA, en termes de fiscalité, M. Bouterfa fera également référence à la fiscalité en vigueur dans l'activité et les transactions interfiliales. Pour conclure, le P-DG du groupe a indiqué que 'les investissements de Sonelgaz ne s'arrêteront pas, parce qu'ils sont garantis par l'Etat', ajoutant que l'Etat est prêt à recapitaliser Sonelgaz.
Néanmoins, 'ces décisions sont d'autant plus importantes qu'attendues. Elles permettront au groupe de se diriger vers la mise en 'uvre pratique de la stratégie industrielle du secteur - consistant notamment en la fabrication locale des équipements et le développement d'une industrie du renouvelable - approuvée par les pouvoirs publics, qui aura besoin de ressources financières importantes pour être menée conformément aux engagements pris'.
K. Remouche/S. Smati
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