Algérie

Noureddine Amrani revisite la guerre de colonisation de l'Algérie



Noureddine Amrani revisite la guerre de colonisation de l'Algérie
Pour l'intervenant, le mot guerre, loin d'être innocent chez les politiques et les historiens français, est une falsification sémantique qui ne correspond pas à l'ampleur de la révolution algérienne.
'La guerre de colonisation de l'Algérie, de 1830 à 1962, mérite un regard très sérieux des historiens, pour éviter le piège tendu à Algérie.' C'est l'avis de Noureddine Amrani, colonel à la retraite, exprimé hier, à Alger, au siège du Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS).
Lors d'une conférence-débat portant sur 'La Révolution algérienne : le devoir de vérité interpelle la France', qu'il a animée, l'intervenant a précisé que 'l'appellation de guerre d'Algérie, le fait de circonscrire cette guerre de 1954 à 1962 et de la limiter à un soulèvement de gens' constitue bel et bien 'une falsification de l'histoire'.
Reprenant à son compte l'expression d'une historienne française relative à 'une guerre au nom tabou', le colonel Amrani a tenté d'expliciter les raisons de cette occultation. 'Il y a eu une histoire commune entre l'Algérie et la France, qui est une guerre de colonisation ayant débuté en 1830', a-t-il indiqué, rappelant les trois grandes périodes de cette guerre : l'agression du territoire et du peuple algériens, la conquête de l'Algérie suscitant 'résistances, insurrections et soulèvements' et la lutte armée 'par concept de guérilla'. 'Vous ne m'entendrez pas parler de guerre d'Algérie ni de guerre d'indépendance', a affirmé l'invité du CRSS, notant que les Français ont voulu contourner tout ce qui s'insère dans la définition d'une guerre de colonisation, comme par exemple la question des belligérants, de leurs buts respectifs et de la période concernée.
En plus clair, le devoir de vérité de la France fait toujours défaut, pour éviter de parler du million et demi de martyrs, des centaines de villages ravagés et des exodes massifs des populations algériennes. Dans ce cadre, M. Amrani a signalé que la loi française du 18 octobre 1999, promulguée du temps du président Chirac, se référait aux 'opérations effectuées en Afrique du Nord'. Son objectif, ajoutera-t-il, 'n'est pas la reconnaissance de l'histoire, mais une affaire d'argent' (pensions militaires). Mais, le conférencier a observé que 'la tentative de manipulation a commencé en 1974', citant la loi française 74-1044 du 9 décembre 1974 qui donnait la qualité de combattant aux personnes ayant participé aux opérations en Afrique du nord, entre le 1er janvier 1952 et le 2 juillet 1962.
Une loi restée 'latente', mais qui ne sera pas abrogée par le texte suivant, adopté 25 ans plus tard. Sur le registre des 'leçons stratégiques', le colonel en retraite a laissé entendre que l'approche du 'but de la guerre de colonisation et de la Révolution algérienne' nous ramène à 'la lutte armée'. 'Sur le plan militaire, l'armée française, comme 3e puissance mondiale, était face à de petits groupes de l'ALN', a révélé Noureddine Amrani, précisant plus loin que 'l'intérêt stratégique réside dans le but atteint, c'est-à-dire l'indépendance nationale.'
Au cours du débat, le colonel en retraite, présent au Forum Marianne-El Khabar de Marseille, a salué les positions défendues par la moudjahida Zohra Drif, ayant 'tenu tête à Bernard-Henri Lévy, quand il l'a agressée, en gardant son sang-froid'. D'ailleurs, annoncera-t-il, une initiative est en cours de préparation en relation avec cet événement qui sera connue dans les prochains jours.
H A




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