Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Nourdine
Moussa, a fait savoir hier que «le contrôle de l'urbanisme est notre point
faible».
Intervenant à l'ouverture des
travaux des premières assises nationales de l'urbanisme, le ministre, contrairement
à ses habitudes, a été critiqué, en soutenant que «nous avons construit une
multitude de cités mais nous n'avons pas fait de villes».
Nourdine
Moussa incombe toutefois ce qu'il a qualifié «d'anarchie urbanistique » au
contexte historique. Il précise, lors d'une conférence de presse animée en
marge de ces assises organisées au Club des Pins à Alger, que les années 1990
ont vu la prolifération de cette anarchie et que, désormais, la responsabilité
est partagée entre l'Etat et la société. L'Etat à lui seul ne peut pas faire
face au problème, estime encore le ministre, qui appelle la société à
«s'approprier l'urbanisme».
A quoi sert alors la police de l'urbanisme ? Le ministre, qui souligne
qu'il existe actuellement 1.200 agents habilités qui veillent sur le terrain, affirme que l'Etat ne peut pas mettre un policier et un
gendarme derrière chaque citoyen.
Nourdine Moussa rassure toutefois qu'avec la création de l'inspection générale de
l'urbanisme ainsi que des inspections régionales, il y aura beaucoup
d'amélioration en matière de lutte contre l'anarchie urbanistique.
En tous les cas, le département de Nourdine
Moussa mise beaucoup sur ces premières assises de l'urbanisme pour apporter des
réponses à de nombreuses questions, à commencer par s'interroger sur ce que
nous voulons en matière d'architecture urbanistique.
« Dans les agglomérations urbaines de notre pays, près du tiers du parc
immobilier connaît un état de dégradation avancée en raison du vieillissement
des matériaux de construction, du manque d'entretien, des surcharges et des
transformations anarchiques réalisées par les occupants », a déclaré hier Ahmed
Nasri, directeur général de l'Agence nationale de
l'urbanisme (ANURB). Ce dernier ajoute, lors d'une communication sur le thème :
« La rénovation urbaine : une problématique, une alternative », que, compte
tenu du caractère éminemment sensible de cette question, l'intervention pour
restructurer ou rénover un quartier revêt un caractère d'intérêt général. De ce
fait, explique-t-il encore, la question « relève de la responsabilité des
collectivités locales, des propriétaires et de l'Etat ».
Lors de sa présentation de la « note méthodologique » et de la synthèse
des rencontres régionales de l'urbanisme organisées à Ouargla, Tlemcen et
Constantine, Mme Meddahi a affirmé pour sa part que la
mission de l'urbaniste ne se réduit pas au seul aspect réglementaire. Son
objectif, dira-t-elle, est plus large et porte systématiquement sur «
l'organisation du cadre bâti et des activités socioéconomiques, la
planification d'infrastructures de viabilité et des réseaux de communication, l'utilisation
rationnelle du foncier urbanisable, le choix, la répartition et la localisation
des équipements, l'aménagement des espaces publics, la protection des sites
naturels et culturels marqués et enfin la prévention des aléas naturels et
technologiques». Elle soulignera que les changements rapides intervenus ces
dernières années sur le plan économique et social sont à l'origine de nouvelles
dynamiques urbaines et rurales, impliquant l'émergence de nouveaux besoins qui
se traduisent généralement par une pression de plus en plus croissante dans
l'usage du sol, déjouant ainsi les projections et les échéances des instruments
d'urbanisme.
L'évaluation des instruments d'urbanisme, ajoute-t-elle, est
effectivement à l'ordre du jour. « Elle s'inscrit dans de multiples débats, idées
et analyses visant à comprendre et à déceler l'incohérence de leur
fonctionnement, à aborder la question de la qualité urbaine et de ses
conditions de production et de ses processus de régulation », soutient Mme Meddahi, pour qui les évolutions socioéconomiques dans
notre pays ont permis de constater que l'organisation s'est avérée beaucoup
plus complexe, d'autant plus que dans plusieurs cas, les instruments
d'urbanisme n'ont pas, dit-elle, anticipé ces évolutions.
Placées sous le haut patronage du chef de l'Etat, ces premières assises
se fixent comme objectif de définir une nouvelle politique, une stratégie
claire et une vision à même de sortir le bâti et l'urbanisme de l'anarchie et
des sentiers battus.
Les participants à ces assises nationales disposeront de deux jours pour
faire des propositions à travers l'organisation de quatre ateliers qui seront
consacrés à «la cohérence urbaine comme outil de la qualité du cadre bâti», «la
régénération urbaine comme outil de revitalisation des fonctions urbaines», «l'aménagement
rural intégré» et «l'adaptation de la réglementation».
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Posté Le : 20/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com