Le recours aux appels d'offres dans le secteur de la poste et des
technologies de l'information et de la communication (PTIC) ne concernera
désormais que les grands projets. C'est ce qui ressort de la lecture d'un
arrêté interministériel, publié au Journal officiel six mois après son adoption,
qui accorde une importante place au gré à gré dans la conclusion des marchés
publics liés à ce secteur.
U n arrêté interministériel, adopté
le 2 août 2011 et publié le 12 février 2012 (J.O. n°06 du 12 février 2012), soit
plus de six mois après sa signature par le ministre des PTIC, Moussa Benhamadi, et le secrétaire général du ministère des
Finances, Miloud Boutebba, fixe «la liste des études,
fournitures et services spécifiques aux technologies de l'information et de la
communication ne nécessitant pas le recours à un appel d'offres». L'arrêté
interministériel intervient en «application des dispositions de l'article 44 du
décret présidentiel n°10-236 du 7 octobre 2010, modifié et complété, portant
réglementation des marchés publics». Dans cette liste, figurent (article 2 de
l'arrêté interministériel) de larges pans de services et de fournitures qui
étaient gérés précédemment par la procédure de l'appel d'offres.
Ainsi, sont concernées toutes les
«études liées à la mise en place d'infrastructures des technologies de
l'information et de la communication (TIC) ou au développement et à
l'intégration de solutions informatiques». Sont compris dans cette catégorie, les
«études à caractère stratégique» comme les «schémas directeurs informatiques», les
«normes et standards», et les «choix technologiques». Ne sont pas également
soumis aux appels d'offres, les «études de veille, de faisabilité, d'expertise,
de consulting et d'audit» ainsi que celles relevant du «conseil et assistance, depuis
la définition des besoins jusqu'à la réception des projets liés à la mise en
place d'infrastructures des TIC ou au développement et à l'intégration de
solutions informatiques».
Dans le chapitre «Services spécifiques»
aux TIC, l'article 2 dresse une liste de sept prestations relevant
principalement de l'Internet, mais également de la formation et la maintenance.
Il relève donc, à la lecture de ce texte, que tous les projets relatifs au
«développement de contenus numériques», au «développement et mise en Å“uvre des
systèmes d'information, adaptation et déploiement de solutions logicielles, développement
des applications métiers, des bases de données, des portails et des sites Web, ainsi
que des services en ligne» et «d'hébergement de portails et de sites Web», peuvent
êtres désormais traités dans le cadre du gré à gré. Il en est de même pour tout
ce qui relève des formations «au profit des fonctionnaires et d'agents publics»
dans les TIC, mais également des commandes de «maintenance des infrastructures
des TIC et des applications informatiques», de «mise en place de projets
pilotes pour l'évaluation des solutions en vue de leur généralisation» et de la
«mise en place d'infrastructures réseaux passifs multimédias».
Dans la partie «Fournitures», l'arrêté interministériel exclut de la
procédure des appels d'offres toutes les acquisitions «des licences logicielles
et d'exploitation», «d'infrastructures réseaux passifs multimédias» et «des
logiciels et applications informatiques».
Quelle transparence ?
La publication, six mois après son adoption, de l'arrêté interministériel
du 2 août 2011 «fixant la liste des études, fournitures et services spécifiques
aux technologies de l'information et de la communication ne nécessitant pas le
recours à un appel d'offres» donne forcément lieu à des interrogations. Pourquoi
avoir attendu tout ce temps pour le rendre public ? Et pourquoi cette profonde
réforme des marchés publics liée à ce secteur n'a pas été évoquée dans aucune
des sorties du ministre des PTIC ?
Car au-delà des facilités qu'octroie cet arrêté à des entreprises
publiques exerçant dans un environnement fortement concurrentiel, comme
l'opérateur de téléphonie mobile, ATM Mobilis (filiale
d'Algérie Télécom), qui peut ainsi s'assurer de la rapidité d'exécution de ses
projets extensions de réseaux, cette nouvelle procédure a besoin d'un minimum
de transparence. Ce que le texte en question ne garantit pas, puisque à aucun
moment il n'est question d'obliger les administrations ou les entreprises
relevant de ce secteur de rendre publics les contrats de gré à gré conclus pour
l'un ou l'autre des services prévus par cet arrêté interministériel.
Le risque couru, estime les
intervenants dans le secteur, «est de payer très cher le gain de temps escompté
par la suppression des appels d'offres». Le minimum de transparence nécessaire
n'est plus requis pour justifier le recours à telle ou telle entreprise, algérienne,
mixte ou internationale, pour l'achat d'équipements ou la commande de services
liés aux TIC. Si l'administration a maintenant la liberté de confier des
«études à caractère stratégique» pour l'établissement de «schémas directeurs
informatiques, (de) normes et standards, (et de) choix technologiques», elle
doit aussi pouvoir convaincre du bien-fondé de ce choix en rendant publics les
critères qui l'y ont conduit.
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Posté Le : 14/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com