Le pouvoir ou le système algérien déteste-t-il le privé ' Non, répond Taïeb Hafsi dans un passionnant entretien dont on ne saura trop conseiller la lecture. Que l'on soit de gauche, de droite ou d'ailleurs, cette lecture, à la jonction de l'économique, du politique, de l'anthropologique voire du philosophique, du parcours de l'Algérie est vivifiante. Il y a matière à débat. Il y a aussi des constats déroutants, des «paradoxes», dont l'explication purement politique ou purement économique n'est jamais satisfaisante. De l'argent qui circule malgré un Etat présumé tatillon, des comptes à l'étranger qui s'ouvrent pour accueillir, bras ouvert, les «fruits» d'une activité, plus souvent informelle que formelle, un nombre important de chômeurs alors que des entreprises peinent à trouver des employés… Et on peut multiplier à souhait les paradoxes et Taïeb Hafsi, en professeur, en cite d'autres… Cela donne une histoire économique et politique en forme de rébus dont les clés de déchiffrement ne sont pas données. La réponse à la question est dans le titre : il n'y a pas de guerre contre le privé, il n'y a qu'un terrible et dispendieux désordre lié au fait que l'Etat algérien n'a plus vraiment d'idée sur ce que doit être l'économie. Au-delà de l'éloge et de la conviction que les entrepreneurs et l'entrepreneuriat privés sont la «seule bouée» de sauvetage, l'entretien du professeur est une invitation à une réflexion à la veille d'un ramadhan où, comme personne ne l'ignore, les désordres «organisationnels» ont tendance à se révéler dans une déformation caricaturale. Le pétrole est à la baisse cela pourrait aller jusqu'en 2015 et même si personne ne prédit une chute à la manière de celle du milieu des années 80 qui a ouvert le grand cycle des «désordres» visibles, d'octobre 1988 à la décennie 90, il vaut mieux y réfléchir maintenant. Peut-être en allant à l'encontre des idées dominantes qui veulent dans le sillage du FMI un «moins d'Etat» alors que les désordres ambiants montrent qu'il faut du «mieux d'Etat». Ce n'est qu'une piste. On pourrait, par exemple, en termes de «travaux pratiques» suggérer que l'on mette à plat la question de la création d'une industrie automobile qui semble un objectif raisonnable dans un pays qui importe 400.000 véhicules par an. Mais qui paraît étonnamment marqué d'un tropisme politico-culturel parisien sur le mode de Renault sinon rien. Il y a pourtant tout un monde à voir…
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Posté Le : 17/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com