On n'entend guère de contestations ou de critiques concernant l'effort considérable qui est fait en matière d'investissement dans le rail. Comme si un consensus est établi qu'il ne s'agit que d'un rattrapage qui n'a que trop tardé. On peut même constater dans ce domaine une sous-information sur ce qui se fait alors que l'investissement porte sur la coquette somme de 18 milliards de dollars. Et pourtant, l'impact structurant de l'investissement n'est pas discutable. Que ce soit chez le gouvernement ou dans les médias, on a beaucoup plus parlé de l'autoroute que du rail. La religion de l'automobile explique peut-être la tendance. Pourtant les dimensions du pays militent largement pour une priorité affirmée au rail. On oublie aussi que quand «on importe» une autoroute, on importe aussi les voitures qui vont rouler dessus… et on importe aussi du gasoil pour les faire marcher. En Algérie, le parlement sortant n'a brillé que par un seul «niet», celui qui a contré une augmentation de la taxation du gasoil et, corrélativement, d'une baisse de celle du GPL, du GNL et de l'essence. Il s'agissait pour les responsables du secteur de l'énergie d'essayer d'orienter les consommateurs vers des carburants moins polluants et disponibles en Algérie. Leur échec a contribué à une diésélisation massive et accélérée d'un parc automobile en constante croissance. On a donc importé du gasoil. On en importera encore cette année.
L'annonce par les responsables du secteur de l'énergie d'un projet de construction de cinq nouvelles raffineries en Algérie semble aller dans le sens du renoncement à une politique de containement de la surconsommation du gasoil. Théoriquement, l'investissement va assurer une mise à disposition «locale» du gasoil qui dispense de l'importation. Mais l'argument est battu en brèche par les experts qui n'hésitent pas à suggérer d'aller acheter des raffineries à l'arrêt en Europe plutôt que de se lancer dans un investissement hasardeux. Ils ont aussi plein d'objections fondées sur le lieu d'implantation de ces projets de raffineries et sur le fait qu'en tout état de cause… cela ne résoudra pas la question de l'importation de gasoil. Il ne la rendra que plus coûteuse. Si les dollars sur rail ne font pas l'objet de contestation, les dollars-diesels, eux, suscitent donc plus que des réserves. Le débat sera-t-il ouvert par une APN où ceux qui avaient dit «niet» à la taxation du gasoil pour de fort mauvaises raisons sont aujourd'hui surreprésentés ' On en doute. Les arbitrages se font ailleurs. A la présidence sans doute.
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Posté Le : 15/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com