Algérie

Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : L'argent des autres… et des nôtres


Dans l'histoire récente de l'Algérie, le chiffre de 26 milliards de dollars, balancé après octobre 1988 par un ancien Premier ministre sur la base d'un calcul arithmétique d'une pratique généralisée présumée d'une commission de 10% sur les opérations du commerce extérieur, a eu un impact extraordinaire. Le chiffre peut paraître, a posteriori, comme relativement modique mais à l'époque, en pleine crise, il constituait une estimation chiffrée des turpitudes imputées à un système de gouvernance. Les réformes, entamées au début des années 90, tentaient d'apporter à la crise de confiance une réponse par un objectif de transparence, d'autonomie des gestionnaires des entreprises publiques - corollaire de leur responsabilité , une limite aux intrusions des politiques. L'indépendance de la Banque centrale en était un des symboles qui n'a pas résisté à ce que les historiens désigneront peut-être de «contre-réforme» des dernières décennies. C'est que la question de la gouvernance à laquelle les réformateurs ont tenté d'apporter dans un contexte de grandes difficultés financières une réponse, non désirée par les autres acteurs du régime, se pose avec une acuité décuplée par l'aisance financière relative dans laquelle se trouve le pays.
La perte d'une bonne partie de l'expertise nationale au cours des deux dernières décennies n'arrange pas les choses. Les scandales qui ont touché Sonatrach confortent le sentiment très répandu qu'il y a un usage privé des ressources publiques… La question de la privatisation devient presque superflue quand le défaut de gouvernance économique est la règle. On peut se passer de privatiser, on ne peut pas se passer de gérer. L'Etat marocain gagne de l'argent après avoir privatisé Maroc Telecom où il n'a gardé que 30% de part, l'Etat algérien ne gagne rien en détenant Algérie Telecom à 100%. La différence est moins dans la nature juridique des entreprises que dans la nature de la gestion. Les gouvernants algériens peuvent faire valoir qu'un effort de redistribution a été fait et a permis de reconstituer une classe moyenne laminée au cours des deux dernières décennies. Mais cette reconstitution sur budget de l'Etat reste fragile et aléatoire. Et il est piquant de voir le FMI nous rappeler que les ressources dont nous disposons aujourd'hui ne nous appartiennent pas en exclusivité mais que les futures générations y ont des droits. Cela nous rappelle que c'est aussi l'argent des autres, l'argent des nôtres.


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