Algérie

Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» : Le fric qui s'en va, le fric qui ne vient plus



Les lendemains de révolution ne sont pas nécessairement des chemins paisibles. Il y a certes les Tunisiens qui ne cessent d'étonner par leur maturité et leur souci des équilibres. Mais on peut se demander, déjà, s'ils ne constituent pas une exception et non un modèle. Alors que le régime syrien n'en finit pas d'agoniser en mettant en danger le pays, au Yémen la situation de «transes» perdure. En Egypte, le romantisme révolutionnaire de la Place Al-Tahrir est en train d'être balayé par le nouvel ordre qui se met en place. En Libye, les «anciens combattants» organisés en milices sont devenus une réalité nouvelle et ne veulent pas désarmer pour monnayer en position de force leur part de pouvoir. Et les idéologies ne sont pas les plus grands moteurs dans une Libye riche en pétrole et dont le nouveau pouvoir a envoyé le signal attendu aux compagnies des pays anciennement «amis» de Kadhafi et nouvellement «amis» de ses ex-collaborateurs qui sont aux commandes. Enfin presque. Dans une Libye où les «thouwars» organisés en milices – on les estime à 50.000 hommes – où chacun défend sa parcelle de territoire, la notion très centrale de commandes n'est pas de mise. Les temps des révoltes sont rudes, les transitions d'un ordre à un autre le sont tout autant. A plus forte raison quand on sait qu'il y a du fric à prendre. Dans ces nouveaux temps libyens, Sonatrach peut constater qu'au plan formel, elle n'est pas ignorée. Elle est conviée à reprendre ses travaux à Ghadamès comme les autres compagnies étrangères. Mais elle ne peut cependant prétendre à une prime… jusqu'à preuve du contraire. Mais pendant que les majors se disputent les futures parts du gâteau libyen et que partout ailleurs les transferts du sud vers le nord s'accomplissent dans la discrétion mais sérieusement, une vieille habitude est en train de s'éroder. Les émigrés du Maroc et d'Algérie, dont beaucoup sont de Kabylie, envoient de moins en moins d'argent au «bled». C'est un signe de temps. On garde son fric. Certains, comme le FCE, estiment que la propension du gouvernement à distribuer des sous à trop de monde est contreproductive. On s'achète une fausse paix, on ne renforce pas sérieusement les entreprises et on jette de l'argent par les fenêtres, laissent-ils entendre. Et si, comme le suggère l'économiste El Mouhoub Mouhoud, on mettait plus de sous dans les têtes en finançant la recherche & développement au niveau maghrébin. «Rien dans les mains, rien dans les poches, tout dans la tronche» clamait Léo Ferré. Et au fond en ayant la tronche pleine et bien faite, on se donne peut-être les moyens de se remplir les mains et les poches en tout bien, tout honneur. Cela pourrait bien être un pari consensuel. D'autant plus intéressant que les âpres batailles de fric n'offrent en général que peu de terrain pour le consensus. Ce qui n'est qu'un euphémisme !




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