Papandréou cède la
place. Il aura eu l'espace de quelques jours la velléité, l'outrecuidance même,
de vouloir consulter son peuple sur la cure d'appauvrissement – pour parler
crûment – à laquelle la Grèce
et son peuple sont soumis. Shocking ! Le voilà convoqué comme un malappris qui
mêle la politique à l'économie – quel toupet – et surtout qui mêle des citoyens
à des affaires qui ne concernent que l'Etat grec, ses créances et les «Marchés».
Entité floue mais dont on a vu dans l'épisode grec qu'elle était réelle, pesante…
Au point où des chefs d'Etat et de gouvernement élus en apparence par leur
peuple ne pensent qu'à eux, à leurs réactions, à leur émoi et à leur humeur. Les
voilà donc ces politiques ressemblant comme une caricature à l'accusation des Indignados et autres altermondialistes
de n'être plus que les fondés de pouvoir des acteurs des marchés… qui n'ont pas
été élus mais dont la puissance n'a d'égale que leur absence de responsabilité.
Qu'est-ce qu'un fondé de pouvoir ? Une personne dotée d'un pouvoir de
procuration pour agir au nom d'une autre personne ou d'une société. L'espace de
24 heures, le Premier ministre grec a cru qu'il avait été mandaté par les Grecs
et qu'il pouvait de ce fait leur demander de se prononcer sur le terrible plan
d'ajustement structurel auquel l'Europe les soumettait. Convoqué pratiquement
comme un «traitre» à Cannes, le Premier ministre d'un
pays où la démocratie a un très vieux sens a été mis à jour. Dans un pays en
faillite, le peuple n'a rien à dire et les créanciers dictent la loi. L'espace
de 24 heures on a eu une illustration de ce que les «déviants» à la doxa
libérale disent depuis longtemps. Le mot «marchés» est, malgré l'inflation de
discours de spécialiste de plateaux, entouré d'un mystère qui tend à en
décupler la puissance. On évite de nommer les banques – celles-là mêmes qui en 2008
ont été sauvées des eaux par l'argent public -, les fonds de pensions… Bref, des
entités dirigées par des gens non-élus et donc
«irresponsables» devant la population et qui sont devenus le souci majeur des
gouvernants. Bien sûr l'Europe et les Etats-Unis ne sont pas des dictatures, ni
même des systèmes autoritaires, mais la démocratie tend à s'y affadir. A muter
dans une forme de démocratie censitaire qui explique pourquoi aux yeux des
fondés de pouvoir des «marchés», Papandréou a été un hérétique d'avoir songé à
consulter les citoyens. Mais les «marchés» ont gagné en définitive. Papandréou
a renoncé au référendum et a libéré la place. Les marchés s'occupent de
l'Italie qui est passée sous tutelle des experts du FMI. La cote de Berlusconi
ne vaut presque plus rien. Les marchés sont ainsi. Féroces avec les plus
fidèles des serviteurs. Au G20 de Cannes, des hommes politiques en
représentation n'ont pas osé contrarier les marchés. Une fois de plus.
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Posté Le : 08/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com